Un livre

Petit traité bien cuit

de Jean-Pierre Ostende

Editions Bibliothèque

Je ne suis pas un gourmet et j’ai tendance à remplir mon assiette mais je me réjouis d’étudier et de travailler pour l’Explorateur Club ». L’Explorateur Club, entreprise organisée en trois grands départements (la formation, le tourisme, la RH), compte depuis vingt ans un unique employé, mais polycompétent. En enquêtes de terrain, audits, études de prospective, que Jean-Pierre Ostende lit à voix haute en public avant d’en livrer les rapports écrits.
Astrid de Larminat l’anticipait dans Le Figaro en 2007 : « Jean-Pierre Ostende est comme ces grands chefs cuisiniers qui recourent à la chimie pour révéler de nouvelles saveurs, et plutôt que flatter le palais, préfèrent le déconcerter ». Le Petit traité bien cuit, qui fait son miel de tout ce qui touche de près ou de loin à « nos manières de manger de la préhistoire au futur, de l’étoilé au bouboui », confirme ce portrait de l’écrivain en chef déconcertant. « Un chef c’est une multitude d’êtres et de doubles, une galerie de miroirs et de figures. C’est un ensemble de combinaisons et de croisements. » D’où chez le chef Ostende un traité qui croise et combine anecdotes et références où Auguste Escoffier et Antonin Carême côtoient pêle-mêle Duras, Adorno, Frank Underwood dans House of Cards attablé devant ses travers de porc. À réaliser qu’« Alain Delon, Angelina Jolie, Einstein », sont des « tubes » comme vous et moi « avec une bouche et un anus », on déguste. Après quoi l’on s’inquiète : « Jésus-Christ mangeait-il du couscous avec sa bande ? » L’enquêteur nous rassure : on a retrouvé « des couscoussiers datant de trois siècles avant Jésus-Christ ».
In fine, « Qu’est-ce que la cuisine ? ». Tout, si « vivre est forme de cuisine et d’arrangement », qui commence à la naissance avec « l’effroi » juste avant le réconfort du « lait chaud ». Sous le rire, long en bouche, perce une note douce-amère : « Ça déprime anagramme de Carpe diem  ». Un livre assurément bien « toqué ». À table !

Jérôme Delclos

Petit traité bien cuit
Jean-Pierre Ostende
La Bibliothèque, 149 pages, 14 €