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Domaine français Lignes de train, lignes de vie

septembre 2022 | Le Matricule des Anges n°236 | par Anthony Dufraisse

avec Moi en plus beau, Guillaume Le Touze mêle enquête intérieure et méditation sur les traces du temps. Envoûtant.

Cinq ans après La Mort du taxidermiste, qui d’ailleurs sort simultanément en poche chez ce même éditeur, Guillaume Le Touze, 58 ans, publie son huitième roman. Pour mémoire, il s’est fait connaître en 1992 avec Comme tu as changé, avant de décrocher le Renaudot, dès son deuxième livre, pour Comme ton père. Principalement sous couverture Actes Sud, suivront successivement Étonne-moi, Dis-moi quelque chose, Tu rêves encore et Attraction. Justement, ce nouveau roman exerce sur le lecteur une irrésistible attraction. Tout y concourt : sa forme d’enquête méditative, l’atmosphère feutrée, la lenteur envoûtante de la narration, une écriture à la fois poétique et psychologique ainsi que l’attachement que l’on éprouve pour les personnages. Au premier rang desquels Xavier et Benoît dont la ressemblance physique est frappante : « S’il est difficile de définir la grâce, c’est pourtant le mot qui s’imposait lorsqu’on rencontrait Benoît. Il avait tout pris et rien laissé pour son frère dont les traits étaient beaucoup plus ordinaires. (I)ls se ressemblaient comme des jumeaux, (…) ce qui ferait dire beaucoup plus tard à Xavier en présentant son frère : “Benoît, c’est moi, en plus beau…” »
Voilà pour l’explication du titre. Une fratrie d’autant plus soudée que le cadet, Benoît, est atteint de troubles autistiques et que son aîné veille sur lui. Entremêlés, les univers mentaux des deux frères ne se superposent jamais tout à fait, et Guillaume Le Touze n’aura de cesse, précisément, de regarder avec acuité les liens qui unissent ces deux-là dans toutes les situations de la vie, en société ou au plus près de la nature. On comprend très vite qu’en faisant de Xavier un archéologue ferroviaire, c’est-à-dire quelqu’un qui s’emploie à mettre au jour les traces d’anciennes lignes de train traversant des villages ici ou là en France, l’écrivain entend travailler autour des notions de disparition et de réapparition, et au-delà, sur l’idée de cycle. Comment les événements et les existences prennent forme, suivant quel processus les uns et les autres font signe dans le temps, pourquoi certaines choses ou certains êtres subsistent dans la mémoire des hommes et du monde, quand d’autres, complètement, sont perdus à jamais. À partir de chacun des personnages – les deux frères évidemment mais aussi Claire, qui va partager la vie de Xavier –, le romancier, alternant les points de vue, dessine des trajectoires qui sont autant d’histoires singulières : « Xavier avait suivi de chimériques lignes de fonte comme on tire sur le fil d’un écheveau, et chaque fois, ce fil l’emmenait un peu plus loin, une ramification, un aiguillage puis un autre. »
Avec une infinie délicatesse, Le Touze décrit la souterraine sédimentation des sentiments en soi, leurs mouvements, leurs vibrations. Doucement il tente de dévoiler l’intériorité des êtres, d’en dégager l’horizon intime. C’est là un roman de toute beauté parce que la beauté s’y donne dans sa plus secrète fragilité.

Anthony Dufraisse

Moi en plus beau
Guillaume Le Touze
Actes Sud, 175 pages, 19

Lignes de train, lignes de vie Par Anthony Dufraisse
Le Matricule des Anges n°236 , septembre 2022.
LMDA PDF n°236
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