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Domaine étranger Cent ombres

mai 2022 | Le Matricule des Anges n°233 | par Anthony Dufraisse

Étrange atmosphère que celle du roman de la Coréenne Hwang Jungeun, où réalisme et fantastique se côtoient, où les deux personnages principaux, les jeunes Mujae et Eungyo, oscillent sans cesse entre l’enfance et l’âge adulte. Étrange, aussi, la distante relation amoureuse qui est la leur, sur fond de recomposition urbaine, d’immeubles qu’on détruit. Comme dilaté, ce livre ne souscrit à aucune forme littéraire, et si on l’estampille roman c’est surtout parce que la plasticité de la désignation le permet. Originaire de Séoul, où elle est née en 1976, l’autrice nous met d’emblée face à un phénomène pour le moins inquiétant : les ombres des protagonistes et de ceux qui gravitent autour du tandem « se lèvent ». Normalement, une ombre est subordonnée au corps et à ses mouvements, pas là : « C’est ça qui est dangereux. Quand l’ombre nous tire vers elle, on se sent insouciant, léger, et on la suit sans résister. Mais dans cette insouciance on perd tous ses moyens, et c’est à ce moment-là qu’elle attaque, quand on n’est plus capable de réagir ». Alors l’ombre se fait menaçante, alors elle paraît vouloir prendre le pouvoir sur l’être tout entier, alors on craint le pire, une dépossession totale ou quelque dévoration… Plane sur cette histoire la peur, « la force d’attraction » de l’ombre émancipée du corps qui, la plupart du temps, retrouve son rôle initial, silencieuse, inoffensive, discrète.
Intrigué par le rayonnement sombre des êtres et des choses qui peinent à s’unifier (aussi bien Mujae et Eungyo, que le corps et son ombre), on s’interroge sur la démarche de Hwang Jungeun : la lumière indécise qu’elle jette sur le monde, est-elle aurore ou crépuscule ? Symbolise-t-elle l’atomisation irréversible de la société ou au contraire la possibilité fragile d’une communion ? Jungeun joue de l’incertitude comme d’un rêve mélancolique aux interprétations multiples. Quoi qu’il en soit, la sensibilité de la perception de l’écrivaine apparaît à chaque page dans son art des demi-teintes.

Anthony Dufraisse

Cent ombres
Hwang Jungeun
Traduit du coréen oar Guka Han et Samy Langeraert
Verdier, 123 pages, 17,50

Le Matricule des Anges n°233 , mai 2022.
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