Le Trait, le taillis, les aguets. Louis Pons, le dessin de 1947 à 1970
Disparu le 12 janvier dernier, Louis Pons était l’un des grands dessinateurs de notre temps. Le hasard veut qu’une monographie de Frédéric Valabrègue, Le Trait, le taillis, les aguets. Louis Pons, le dessin de 1947 à 1970 paraisse, rendant ainsi hommage à ce créateur dont les objets composites comme les dessins à la troublante obscurité ont marqué le dernier demi-siècle graphique. Né à Marseille en 1927, Louis Pons a grandi pendant la guerre dans cette « Provence noire », pays bien réel qui ne correspond pas au fantasme d’un Sud rayonnant. Il en est resté « l’homme de l’alcôve et de l’ombre, jamais de la rue », laquelle était aussi obscurcie par les fumées puantes des savonneries. Ses noirs en ont pris une profondeur fascinante.
À travers un essai vif et net, la richesse de son œuvre et les caractéristiques de sa vie sont évoquées. On en apprend sur ses caricatures, son sens de l’érotisme, de la parade ou sur les « Drolatiques comédiens du dérisoire ». Au passage, on capte la part de poésie qui a fait l’homme Pons, en particulier par ses rencontres avec Joë Bousquet ou Gérald Neveu. Son propre talent de plume se révélant avec son livre Le Dessin (Robert Morel, 1968) où s’exprimait déjà ce maître de l’aphorisme : « La même position pour dormir et pour dessiner, en chien de fusil. Repli fœtal. La nuit sur le côté, le jour sur le cul, un cul de plomb malheureusement. »
Éric Dussert
Le Trait, le taillis, les aguets.
Louis Pons, le dessin de 1947 à 1970
Frédéric Valabrègue
L’Atelier contemporain, 144 pages, 25 €