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Domaine français Un catalogue XXL

juin 2020 | Le Matricule des Anges n°214 | par Thierry Guinhut

Le parcours de Diane de Selliers, riche d’histoire de l’art et des littératures.

Et ainsi le désir me mène

Les grandes œuvres littéraires de l’humanité méritaient un éditeur à leur hauteur. C’est chose faite avec Diane de Selliers, qui livre avec Et ainsi le désir me mène les secrets de son parcours. Trente ans d’édition sont pris en écharpe dans une autobiographie professionnelle éclairée, « avec une passion joyeuse guidée par la seule ambition de partager mes enthousiasmes et mes découvertes, redonnant couleur et vie à des trésors cachés ». Elle commença chez Tchou et Duculot, avec des guides, dont Au cœur de Florence. Depuis La Fontaine, l’entreprise éditoriale créée en 1992 déroule une trentaine de volumes d’art comme l’on n’en fit jamais. Il s’agissait de reproduire une rare édition des Fables, celle des Fermiers Généraux, illustrée par Oudry et coloriée à la main. Un défi technique. Suivirent les Contes par Fragonard. Une dynamique était lancée, qui allait explorer les civilisations, la peinture et le verbe.
Outre les incontournables de la mythologie, ce sont les littératures méditerranéennes, la poésie de Baudelaire, l’humanisme d’Erasme, le théâtre vénitien de Shakespeare, l’Extrême-Orient entre Japon et Inde. Où les entreprises sont monstrueuses : trois volumes au Dit du Genji, sept au Ramayana. Les « trois couronnes » de la langue italienne, avec Dante et Boccace, sont complètes avec Pétrarque, non les sonnets amoureux à Laure du Canzoniere, mais les Triomphes, grâce à la « sérendipité »  : la découverte de vitraux dans le département de l’Aube.
Chaque œuvre doit recourir à des traductions scrupuleuses (Jacqueline Risset pour Dante), des introductions savantes. Et à une iconographie souvent inédite. Pour la première fois au monde les dessins de Botticelli sont réunis, de même les rouleaux japonais magnifiant le premier roman psychologique venu du XIe siècle, par Murasaki Shikubu. De l’Antiquité, où fresques et mosaïques romaines racontent l’Enéide de Virgile, à l’époque baroque, dont les peintures accompagnent Les Métamorphoses d’Ovide, jusqu’à l’art contemporain, la créativité ne se dément pas, jusqu’à la peinture abstraite pour La Genèse. Au point de susciter des commandes près d’artistes bien vivants : Pat Andrea pour Alice au pays des merveilles, Mimmo Paladino, de la Transavantgarde italienne, pour Homère, Gérard Garouste, aux folles figures brillamment gouachées offertes à la folie de Don Quichotte.
Les voyages au bout du monde, en quête d’images encore inconnues s’imposent. Des anecdotes insolites parsèment le récit : Kumiko, collaboratrice de l’édition du Dit du Genji, dut se convertir au « bouddhisme Tenri » pour avoir accès à un « rouleau précieux du XIVe siècle » !
Les esprits chagrins argueront que ces somptueux livres, reliés sous coffrets, sont fort chers, autour de 200 , jusqu’à 800 pour le Ramayana aux sept volumes toilés de pourpre… Cependant vint au secours des ouvrages de luxe (au sens étymologique de « lumière »), et bientôt épuisés, la « Petite collection », aux alentours de 60 . Parfois, l’échec frappe, lorsque Rimbaud paraît : « Le 13 novembre, les attentats parisiens déstabilisèrent à nouveau le pays. Tout ce qui n’était pas essentiel semblait vain. L’ouvrage n’a pas rencontré ses lecteurs : peu de recensions, librairies désertées, public frileux. La poésie ne sauvera pas le monde cette année-là ».
Le récit est profondément humain, sans orgueil. À la leçon de ténacité, s’ajoutent un émouvant requiem à l’adresse du maquettiste, des anecdotes familiales, comme lorsque le fils de l’éditrice, Jean, 7 ans, « raconte à un ami l’Iliade et l’Odyssée en lui commentant les images. Un attroupement d’adultes amusés et attentifs se fait autour de lui. Il poursuit sa visite, imperturbable ». L’aventure au long cours est celle d’une équipe de passionnés, de lecteurs enthousiastes, mais aussi une singulière aventure spirituelle et esthétique.

Thierry Guinhut

Et ainsi le désir me mène, de Diane
de Selliers
Diane de Selliers, 304 p., 24

Un catalogue XXL Par Thierry Guinhut
Le Matricule des Anges n°214 , juin 2020.
LMDA papier n°214
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