La grue du Japon est l’un des plus grands oiseaux au monde. Avec une tache rouge sur sa tête, elle donne l’impression de saigner. Dans la mythologie taoïste, elle porte les immortels sur son dos. C’est cet oiseau-là qu’a choisi Fabrice Melquiot pour raconter son amour de la vie.
La Grue du Japon a été écrite pour Andréa Ferréol. Son personnage Anna Solari, une grande chanteuse lyrique, tombe amoureux à 70 ans d’un jeune homme de 29 ans, Bogdan, un peintre en bâtiment. Mais André, l’ancien compagnon d’Anna, fait une « tentative de jalousie » et cherche à détruire cette relation. Les répliques fusent, oscillant entre disputes et déclarations amoureuses. Anna se justifie : « je croyais qu’au téléphone, tu avais craché l’essentiel de ta morgue, de tes doutes, de tes inquiétudes, de tes gloussements, tes je-ne-sais-quoi. Bogdan a l’âge qu’il a. Et j’ai l’âge que tu sais. Et même si depuis trois mois j’ai l’impression de danser sur une corde avec un corps plus vraiment fait pour ça, je danse. »
Fabrice Melquiot nous livre une histoire toute simple de désir, désir de vivre, d’avoir toujours des projets pour s’empêcher de mourir tout à fait. La pièce est tendre, joyeuse et touchante à la fin. Bogdan quitte Anna qui retrouve André avant un dernier grand départ. Il a vendu sa maison, brûlé ses tableaux, sa tête s’emmêle un peu, mais il veut aller voir la grue du Japon. Pour lui, « L’important c’est l’oiseau qu’on voit s’envoler. »
« Un oiseau rare va se mettre à danser et je veux le voir et je veux le peindre pour mieux le voir et puis après, une fois que je l’aurais vu en le peignant, dans ses moindres détails, je détruirai le tableau et l’oiseau vivra entre nous. Toi et moi. » Tous deux vont partir en Chine, sur les rives du lac Khanka, là où se reproduit la grue du Japon, histoire de célébrer la beauté du monde.
L. Cazaux
La Grue du japon de Fabrice Melquiot
L’Arche, 92 pages, 13 €
Théâtre La Grue du Japon
mars 2017 | Le Matricule des Anges n°181
| par
Laurence Cazaux
Un livre
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°181
, mars 2017.