Traduit dans une bonne trentaine de langues, prix Renaudot 1965 pour Les Choses et Médicis 1978 pour La Vie mode d’emploi, Georges Perec (1936-1982) est un « auteur polymorphe » dont, trente-cinq ans après sa disparition prématurée, on n’a pas encore fini de faire le tour.
Pour preuve ce nouveau cahier (après celui des actes du colloque de Cerisy, publié en 1985), qui explore les différents territoires de l’œuvre, de l’entreprise autobiographique au travail poétique (celui d’Alphabets, souvent beaucoup moins pratiqué que le très connu W ou le souvenir d’enfance), de la veine romanesque aux créations plus ludiques (comme celles qu’il a réalisées au cours de son engagement oulipien), sans négliger ni son rapport à la radio ni ses relations à la peinture ou aux sciences humaines.
On y trouve bien sûr un peu de tout (c’est la loi du genre) : des inédits de Perec (des textes de jeunesse pour l’essentiel, mais aussi des esquisses et des recensions très sérieuses destinées à la Nouvelle NRF), des entretiens, des lettres, des études critiques réalisées par des universitaires, et des témoignages, amicaux pour les uns, sous forme de reconnaissance de dette pour les autres (comme pour Héléna Marienské, Annie Ernaux ou Emmanuel Carrère).
Au total le lecteur tient entre les mains un tour d’horizon très complet (et avec Perec l’horizon a vraiment des allures d’infini) de ce « contemporain capital posthume », pour reprendre l’expression de Jean-Pierre Salgas. Un cahier qui incitera probablement à découvrir ou redécouvrir cette œuvre protéiforme et qui permettra de patienter jusqu’à l’entrée de l’auteur dans la très convoitée bibliothèque de la Pléiade (prévue en mai).
Didier Garcia
Sous la direction de Claude Burgelin, Maryline Heck et Christelle Reggiani, L’Herne, 280 pages, 29 €
Histoire littéraire Georges Perec collectif
janvier 2017 | Le Matricule des Anges n°179
| par
Didier Garcia
Un livre
Georges Perec collectif
Par
Didier Garcia
Le Matricule des Anges n°179
, janvier 2017.