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Domaine français La Vie privée

mai 2014 | Le Matricule des Anges n°153 | par Richard Blin

Dans la maison ils sont deux. Émile, un vieil homme qui vient de mourir et Olivier, le narrateur. Depuis quelques années, ce dernier s’occupait de lui et de la maison. En échange il était logé, nourri et pouvait écrire. Des mois qu’Émile disait qu’il était arrivé au bout, qu’il n’avait plus aucun désir. À présent son corps repose à l’étage mais Olivier n’a averti personne. Il attend un homme, rencontré sur un site spécialisé, pour un « plan cul » bien particulier. Cet homme est un maître dont il sera l’esclave.
Deuxième roman d’Olivier Steiner, né en 1976, La Vie privée témoigne d’une double expérience de la nuit. D’un côté la mort dans sa vérité charnelle, de l’autre le sexe en sa ténèbre. Deux expériences qui n’en font qu’une tant il s’agit de la place du corps dans le champ de la vie, tant elles posent le corps comme unique pierre de touche. Le corps vulnérable, le corps mortel, le corps obscène. On va d’un corps à l’autre, d’une scène de sexe à des évocations de la vie du narrateur avec Émile. Un flux polyphonique qui mène jusqu’au vertige la chiennerie et la sainteté. Car derrière la sombre exaltation, la passivité nue du narrateur – « J’ai besoin d’obéir » ; « Je suis vraiment fait pour vénérer » – sont à l’œuvre la sensibilité et les prédispositions qui permettent d’accepter le martyre : l’abnégation, l’humilité, la ferveur, la douleur consentie, l’adhésion irrévocable. D’où une faim d’anéantissement, un désir de n’être rien enrichi, prolongé par l’imaginaire et servi par une langue tendue, sobre, efficace, contrastant avec le noir suffocant d’un espace clos et les échos dissonants de la mort rôdant autour de la folie du désir.
Ce récit d’un affrontement à l’inavouable – qui doit sans doute beaucoup à une longue fréquentation des monstres qui s’agitent au fond de l’âme – est une manière de défi à la finitude tout autant qu’une façon de se libérer d’une vie privée de sens et d’horizon. Avec le jour qui se lève Olivier part. « Me voilà rendu à ma liberté. Me voilà soulagé, vivant, excité, seul. »

Richard Blin

La Vie privée
Olivier Steiner
L’Arpenteur, 160 pages, 13,90

Le Matricule des Anges n°153 , mai 2014.
LMDA PDF n°153
4,00