Éric Pessan est l’auteur de romans, de fictions radiophoniques, de pièces de théâtre et de textes écrit en compagnie de plasticiens. à l’automne 2007, en réaction à la politique française d’immigration, il a codirigé en compagnie de Nicole Caligaris un ouvrage collectif Il me sera difficile de venir te voir (éditions Vents d’ailleurs), présentant treize correspondances littéraires entre des auteurs d’origine et d’horizons différents. Ce qui est très troublant à la lecture de Tout doit disparaître, c’est l’écho que trouve cette pièce dans notre actualité. Premier jour des soldes à l’espace commercial du Val enchanté, les clients se massent devant les grilles avant même l’ouverture du magasin, la tension monte, une bagarre éclate et dégénère, c’est l’émeute avec les pillages, les mouvements de panique, des clients qui se font piétiner, des blessés et des morts.
Éric Pessan choisit de raconter l’événement par une polyphonie de onze personnages (le vigile, la caissière, le journaliste, le médecin…) et des voix off, comme si nous étions plongés dans un reportage ou un interrogatoire.
La pièce débute par une sorte de brouhaha de voix, de cris, de violence. Puis les voix tentent de raconter. Avec une montée en tension, comme si progressivement, elles s’approchaient de l’œil du cyclone avec Andréas, le seul personnage à être nommé mais d’un prénom inventé. Pour rester dans l’anonymat et la perte de l’identité face à la foule. Par bribes, Andréas raconte son histoire. Pourquoi il viendra faire les soldes avec une frénésie de saccage de marchandises. La pièce se termine par un retour au calme apparent, avec bande sonore du magasin et un dernier monologue d’une accidentée qui revient quand même des mois plus tard faire ses courses au Val enchanté.
Cet enchevêtrement de voix multiples pose la question de la singularité d’une prise de parole pour que justement, tout ne disparaisse pas face à la violence de notre société marchande.
L. C.
Tout doit disparaître
Eric Pessan
Théâtre ouvert, 60 pages, 10 €
Théâtre Tout doit disparaître
novembre 2010 | Le Matricule des Anges n°118
| par
Laurence Cazaux
Un livre
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°118
, novembre 2010.