Ces dernières années, les poètes allaient dans les asiles ou les prisons animer des ateliers d’écriture, libérer la parole et les imaginaires. On avait presque oublié qu’ils pouvaient aussi y être internés. Ancien pasteur, Tristan Cabral fut de tous les combats. Son premier recueil de poésie Ouvrez le feu (Plasma, 1976) connut un succès fulgurant. Ces vingt autres ouvrages célébreront lieux de révolte et d’atrocités, hommes debout et martyrisés : Paris 68, Prague, Montségur, Istanbul, Belfast, Alger, Jérusalem, Bosnie… H.D.T. (hospitalisation à la demande d’un tiers) recueille une soixantaine de textes très courts écrits dans dix-sept asiles, hôpitaux psy, maisons de repos que l’auteur a fréquentés de 2003 à 2006, suite à un incident sur la voie publique. « Les cliniques psy portent toutes des noms de fleurs, de saints ou de vierges. » S’il ne paraît toujours pas savoir qui de ses proches a signé le permis d’interner, il y crie sa haine des camisoles, décrit un quotidien illimité et impossible. « Je croise des »Alza« , des »ano« , des parkingsoniens, des violents sous contrôle, des vieux, des divorcés en crise : le quotidien des H.P. Certains sont attachés aux poignées de portes. » Le lyrisme flamboyant a laissé place à une parole « scalpélisée », sincère et pathétique invitant à dynamiter les murs du silence.
H.D.T de Tristan Cabral, Le Cherche midi, 78 pages, 10 €
Poésie Lettre de cachet
juin 2010 | Le Matricule des Anges n°114
| par
Delphine Auger
Un livre
Lettre de cachet
Par
Delphine Auger
Le Matricule des Anges n°114
, juin 2010.