En une courte fable à la veine grandguignolesque, l’Argentin Esteban Echeverría (1805-1851) soulignait l’absurdité exécrable des tyrannies - et annonçait les régimes qui muselèrent une grande partie de l’Amérique latine un siècle plus tard. Une inondation encercle Buenos Aires au moment du carême dans les années 1830, créant une pénurie de viande : « la moitié de la population allait tomber en syncope ». Malgré les admonestations de l’église et du parti des ultra-conservateurs (« les fédéraux ») prônant le jeûne le plus strict pour le salut des âmes, « le Restaurateur » promulgue un édit : les bœufs seront conduits à l’Abattoir. L’émeute fait rage, produit des extrémismes et orthodoxies, religieuses et politiques, toutes aptes à exercer leur « empire immatériel sur les consciences et les estomacs ». Pour la plus grande gloire des caudillos en tout genre, et de toute époque. De l’animal à l’opposant politique, « ami des lumières et de la liberté », il n’y a qu’un pas, vite franchi…
L’Abattoir d’Esteban Echeverría
traduit de l’espagnol (Argentine) par François Gaudry
L’Escampette, 67 pages, 12 €
Domaine étranger Boucherie
mai 2010 | Le Matricule des Anges n°113
| par
Lucie Clair
Un livre
Boucherie
Par
Lucie Clair
Le Matricule des Anges n°113
, mai 2010.