Une histoire populaire de l’empire américain
En 2002, les éditions Agone nous permettaient de découvrir Une histoire populaire des États-Unis. Howard Zinn y démontrait par le détail que les USA n’avaient pas attendu le 11 Septembre pour promulguer des lois patriotiques, pas plus qu’ils n’avaient attendu Saddam Hussein pour procéder à des libérations nécessaires : la ligne directrice fut toujours l’extension territoriale, manière d’accroître le capital comme de faire diversion aux contestations internes, en habillant de vertu quelques intérêts privés. C’est un livre de référence, comme on dit ; un livre de 800 pages aussi, ce qui peut justifier cette adaptation allégée et dessinée. À l’origine de l’entreprise, Paul Buhle fait plus que vulgariser : il recrée partiellement, intégrant à la neuve Histoire populaire… des éléments issus d’autres ouvrages, notamment ceux où Zinn relate son existence très singulière : l’enseignant qui se battit pour les droits des noirs fut aussi membre de l’armée de l’air, au sein de laquelle il bombarda Royan, en janvier 45 - premières utilisations du napalm, un millier de morts civiles, et la foi du jeune pilote qui en prend un coup. Enrichissement aussi grâce à la reproduction de diverses photos (charniers variés), ou encore de caricatures de presse, comme, ci-dessous, une délicate représentation (1899) de l’annexion des Philippines. C’est donc tout bon ? Malheureusement non : la part de bande dessinée, ici majoritaire, dessert quelque peu la cause. Mike Konopacki illustre mollement, et peine à conférer rythme et invention à la narration. Pour dézinguer la Puissance trompeuse, il fallait sans doute se doter d’un trait plus mordant.
UNE HISTOIRE POPULAIRE DE L’EMPIRE AMÉRICAIN
DE HOWARD ZINN, MIKE
KONOPACKI, PAUL BUHLE
Traduit de l’anglais par Barbara Helly, Vertige Graphic, 288 pages, 22 €