Jack London rencontra le socialisme sur la route, puis en prison. Il découvre « le spectacle de la fosse sociale ». Difficile de croire alors au rêve américain. D’où ces deux nouvelles publiées en 1909 où le bourgeois est habillé pour l’hiver. Dans « Le rêve de Debs », un nanti est pris de court par une grève générale. Au début, « C’était le chaos. Plus d’olives pour les cocktails ». À la fin, le déluge : affamé, il sauvera sa peau, pas son honneur. Pour conclure, inébranlable dans son rapport de domination, malgré sa traumatisante odyssée : « La tyrannie des syndicats dépasse les bornes de la patience humaine. Il faut faire quelque chose. » La seconde nouvelle, « Au sud de la Fente », reprend le thème de Dr Jekyll et Mr Hyde. À San Francisco, la Fente fait référence à une ligne de tramways qui sépare les beaux quartiers de celui des prolos. Au gré de ses passages, d’un territoire à l’autre, Freddie Drummond (le froid docteur en sociologie) se dédouble en Bill Totts (le sympa manœuvre). Deux styles de vie. Qui vaincra ? Avec London, on peut lire la lutte des classes, avec humour et raffinement.
Grève générale ! de Jack London, Libertalia, 100 pages, 8 €
Domaine étranger London sur le vif
septembre 2008 | Le Matricule des Anges n°96
Un livre
London sur le vif
Le Matricule des Anges n°96
, septembre 2008.