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Poésie Poil de carotte au féminin

juin 2008 | Le Matricule des Anges n°94 | par Richard Blin

La Muette et la prune d’ente

Annie Salager met ici en mots l’écume des dissonances d’une enfance qui n’aura pas connu la douceur d’un accueil maternant. Une enfance non pas présentée comme une confession avouée mais maintenue à distance par l’emploi du « elle » de la troisième personne. « Modestes aventures et autres souvenirs dubitables » d’une petite fille non désirée - « une fille au lieu d’un autre mâle sur qui régner »… Dès lors, comment vouloir quand on n’a pas été voulue ? Quand on est née mais n’est pas ? Quand la mère se résume à « une voix », qui interdit, reproche, repousse, n’encourage jamais à vivre ? En se repliant sur soi, en devenant la sans-voix. « Fabriquer du silence, du vide, pulser des mots d’enfermement, des métrages de tulle noir rangés en accordéon dans la poitrine ». Heureusement, il y a les grands-parents, la vie aux champs dans le sud de la France, à la fin des années 30 et au début des années 40. Un monde riche en découvertes, « hérissé d’interdits majeurs », avec ses rites et sa galerie de personnages distrayants, l’école, les bagarres entre enfants protestants et catholiques, la lessive au lavoir, les grillons qu’on met en cage, la saison des pêches à laquelle succède celle des prunes à cochons, « la prune d’ente ». « Prunes oblongues, bleutées, résistantes, rustiques, elles sont le potlatch de la terre, le don surabondant, invisible, gratuit, la vie même que tous piétinent. Les cochons les apprécient, les tartes aussi ». Une vie vraie doublée d’une vie parallèle où « rien ne panse la plaie du quelque chose qui pourrait être et n’est pas ».
La dénudation d’un être à qui l’on demande de se taire, de prendre le moins de place possible, et la brûlure muette de cette souffrance, Annie Salager les rend avec un tact et une vérité comme tirés de la chair du silence, de la combustion lente des affects d’où monte encore la voix d’une mère ne communiquant que par « froideurs et reproches ».

La Muette et la prune d’ente d’Annie Salager, Urdla, 94 pages, 15

Poil de carotte au féminin Par Richard Blin
Le Matricule des Anges n°94 , juin 2008.
LMDA papier n°94
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