Dans sa série portraits de villes, après Alger, Palerme, Athènes et Beyrouth, La Pensée de midi fait escale à Tanger, ville frontière. L’anthropologue Michel Péraldi, qui dirige ce numéro, la qualifie de ville transnationale : « l’international c’est de l’excès de nation, le transnational, c’est ce qui excède le national, le déborde. » Cette ville réunit des yeux les deux rives de la Méditerranée, vibre aujourd’hui comme une ruche, attire les hommes d’affaires, est en passe de devenir le premier port de la Méditerranée. L’écrivain Mohamed M’Rabet qui a concocté avec Paul Bowles le très fumeux et désopilant M’Haschish, ne s’emballe pas, revient à un Tanger éternel où l’on prend le temps d’aller à la pêche, de conter et de griffer par djinn interposé Truman Capote ou tout vaniteux sans morale. Mona Kezari nous fait parcourir les ruelles interlopes de la calle del Diablo, présentant les shaykha, sulfureuses danseuses du ventre. Plus douloureux, mélancolique, Mohamed El Halim évoque Bachir, le poulbot, hâbleur, séducteur, trafiquant, qui disparut de Tanger, parti peut-être en exil. Complètent, entre autres, ce dossier, l’habituel carnet d’Hubert Nyssen évoquant la victoire électorale de Napoléon le très petit et une étude fort bien léchée de Sergio Benvenuto sur la figure du jettatore, le porteur de mauvais œil à Naples.
La Pensée de midi N°23, 182 pages, 17 €, Actes Sud
Revue Escale à Tanger
mai 2008 | Le Matricule des Anges n°93
| par
Dominique Aussenac
Un livre
Escale à Tanger
Par
Dominique Aussenac
Le Matricule des Anges n°93
, mai 2008.