Compendi derisori dau desidèri : compendium dérisoire du désir (bilingue occitan)
Un compendium, kezako ? Un résumé anthologique. Quarante années d’écriture et d’engagement compilées en un seul volume bilingue. Joan-Luc Sauvaigo, musicien, dessinateur, polygraphe est avant tout poète. Un poète de l’extrême orient occitan, le pays de Nice, pays ligure. Un poète qui reçut de plein fouet et tout à la fois l’héritage dada, la contre-culture américaine, littéraire, musicale, utopique et l’idée de révolution. « Beatnik perdu de la nissartitude », cet homme de mots, de concepts fulgurants qualifie ainsi son compendium : « alors ça serait un essai d’écriture : de l’estomac ligure, une recette d’élixir de longue vie, ou les cent façons d’accommoder la blette, ou un carnet de voyage initiatique garibaldien et cuisinier, ou encore un mémoire : le Proparoxiton, une provocation, un camouflet, un art… »
Poèmes, textes, scénario, nouvelle façon polar, l’ego tisse une immense toile, un réseau ferroviaire, une constellation d’amitiés. Dans ce qu’il appelle son « étourdissant vacarme langagier », nous retrouvons un beat, un honky-tonk, une pulsation de vie, d’adolescence, un vin de vigueur. La force de Sauvaigo, outre son ouverture au monde réside dans un grand pouvoir d’interconnections grâce à la puissance du pantais, le rêve en occitan nissard. Sauvaigo porte aussi comme tout méditerranéen, un sens aigu de la tragédie (malédiction de la langue et de la culture occitane, fin des illusions révolutionnaires, overdoses post-soixant-huitardes) qu’il réussit à masquer dans l’auto-dérision et la faconde. « L’incertitude des livres trop vite lus/ Hamlet, Don Giovanni, Arthur ?/ Jeunesse d’un romancero consommé à trente ans/ Combien j’aimais alors/ La musculature des locomotives à vapeur. » Ce livre le confirme : les troubadours furent les premiers bluesmen.
Compendium dérisoire du désir de Joan-Luc Sauvaigo Jorn, 237 pages, 21 €