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Arts et lettres Terres d’écriture

septembre 2003 | Le Matricule des Anges n°46 | par Marc Blanchet

Avec Jean-Loup Trassard, la composition d’un jardin devient un manifeste discret sur l’art d’écrire et de photographier.

C’est encore un bel ouvrage que l’écrivain Jean-Loup Trassard (né en 1933) publie aux éditions Le Temps qu’il fait. La Composition du jardin ajoute un nouvel opus à une démarche que l’on peut qualifier d’attentive, voire méditative, ce qui n’empêche ni l’étonnement et encore moins l’humour. Le texte de Jean-Loup Trassard nous fait entrer dans l’intimité d’un artiste particulier, à une époque qui n’est pas précisée mais sent bon le dix-huitième : « Si Nicolas Bichain de Montigny me pria de vouloir bien me transporter sur place et demanda mon avis avant de signer l’acte qui devait le rendre propriétaire de cette petite hauteur ce fut, à vrai dire, de sa part une pure politesse. En la paroisse même, au lieu-dit « La Tour », il possédait une ruine sur le bord d’un étang, lequel versait son eau à la roue d’un moulin. » Arpenter les terres de ce domaine afin de construire un jardin est ce que ce récit propose. Arpenter un texte dans ses nuances, ses précisions et ses désirs afin que l’espace espéré puisse déjà être visible en imagination est à son tour ce que le narrateur nous propose.
Parallèlement, les photographies posent un autre décor, qu’aucun élément externe au texte ne mentionne : une demeure, arpentée elle dans ses contrastes, ses ombres et ses lumières. Ces images éveillent une nostalgie qui n’est nullement celle du texte : deux temps de narration se confrontent. L’un, écrit, basé, sur une réalisation future ; l’autre, photographié, évoquant un temps révolu. Textes et images ainsi se répondent, s’entrecroisent, avec la même vivacité de couleurs et de séduction que celles que le narrateur-paysagiste entrevoit : « Le lieu, je crois, lui-même concourait à m’éviter une faute, pour qu’elle ne le fût pas, je laissai la largeur entière, vingt-trois toises, en ne donnai en profondeur que vingt et une. De même quand une symétrie s’impose, est-il bénéfique, souvent, d’en fausser la rigueur par quelque variation qui fait le propos plus tendre. » Ou comment la composition d’un jardin devient un manifeste discret sur l’art d’écrire et de photographier : exploiter un endroit idéal pour l’épanouissement d’une plantation comme on développe une idée jusqu’à son plus haut degré de pertinence, résoudre le problème d’angles trop raides et de lignes de fuite maladroites par la justesse d’un cadrage afin que l’élément perçu révèle toute sa force. Jean-Loup Trassard trace sa composition sans didactisme. Nous arpentons ce texte dans ses doutes et ses envies, ses équilibres et ses renforcements : « À la suite de ce feuillage oriental, sur la partie de terre longeant les pierres de la ferme, j’eus envie d’installer, après, un jardin d’odeurs, qui aurait le mérite à la fois de confondre les relents d’écurie une petite fenêtre s’ouvrait dans le mur où quelquefois palpitaient les naseaux d’un cheval de trait et de peupler ces confins d’une présence. Donc : mélisse, camomille, sariette, romarin, lavande, thym, menthe sèche, anis, verveine… à planter en touffes abondantes pour que leurs émanations s’emparent de l’air. »
Alors que l’écriture recueille l’horizontalité dans toutes ses possibilités et ses renaissances via la création du jardin, la photographie de Jean-Loup Trassard s’empare de la verticalité, interrogeant une demeure dans ses secrets évanouis, qui semblent subsister par l’effleurement de la lumière sur des marches ou un portrait dans un salon. Fleurs traversées par la transparence, escaliers s’élevant vers la lumière, rampe sur laquelle viennent mourir les rayons du jour, croisée de fenêtre lumineuse et miroir reflétant une fenêtre entrouverte : c’est un autre vocabulaire, une écriture de la lumière tout aussi inspirée que décline Jean-Loup Trassard. Ce livre est une méditation de taille sur le jardin dans laquelle on ne couperait pour rien au monde.

La Composition du jardin
Jean-Loup Trassard
Le Temps qu’il fait
67 pages, 20

Terres d’écriture Par Marc Blanchet
Le Matricule des Anges n°46 , septembre 2003.
LMDA PDF n°46
4,00