La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Entendu à la radio Friture au bord de la piscine

septembre 2003 | Le Matricule des Anges n°46 | par Valérie Rouzeau

Dix-neuf morts dont le kamikaze (…) un brillant diplomate de cinquante-cinq ans (…) la moyenne est tombée à quatre nœuds (…) rejoindre les intermittents du spectacle s’il le faut (…) quoiqu’encore il faille se méfier de notre rationalité suffisante (…) très souvent on ne peut pas traduire sa douleur intime (…) broder dans la poudre de méduse (…) un requin drôle (…) écoute ça (…) cette sensualité du crayon gras (…) une route du Talmud au Coran (…) l’idiot du village (…) c’est le fameux dactyle le rythme le plus cher à Schubert (…) gérer l’après-canicule (…) la journée devrait être agréable (…) la nouvelle règle du faux départ (…) les femmes civilisées ne boivent pas (…) la fonction d’effet de miroir (…) on passe beaucoup de choses côté affectivité dans le manger (…) les cyclistes ne sont pas des têtes brûlées (…) dans le cadre de l’opération Licorne (…) c’est un peu comme la dinde à Noël (…) deviendra-t-il gouvernator de Californie (…) pour les Russes devenus minoritaires, c’est devenu le monde à l’envers (…) Matignon (…) Péronne (…) Bombay (…) marche inéluctable à la potence (…) une hiérarchie des valeurs donnée par mon enfance (…) les filles dorment toutes avec des peluches (…) surtout pour les mamans (…) in the actu (…) Noir Désir (…) les chefs du Hamas (…) un été de porcelaine (…) l’épicier de Landernau (…) le téléphone sonne… « De France Info à France Inter via Radio Notre-Dame France Culture Nostalgie Ado FM Radio Libertaire Radio Courtoisie France Musiques Europe 1 France Bleu RTL RFI : montage pour une polyphonie de la francophonie hexagonale à partir de paroles captées sur les ondes à partir de mon domicile à Paris-Télégraphe, entre le 20 et le 27 août. Bricolage pseudo-poétique sans nom de personnes (sauf Schubert pour la musique) : il y a beaucoup de morts ces jours-ci encore et tous, presque tous anonymes. Tentative de traduction zapping. Et maintenant, trêve de plaisanterie.
Sauf la BBC (où l’on s’exprime dans le même anglais que celui enseigné dans nos universités françaises, c’est-à-dire une langue que personne, quasiment personne ne parle dans la vie) je n’écoute pas de radios étrangères. Grande mon admiration pour Armand Robin qui parlait quinze, vingt langues, poète et traducteur prodigieux, »écouteur« magistral des radios du monde et particulièrement celles de la propagande stalinienne (la radio qu’il appelle encore, selon son expérience « l’appareil à fausse parole », « l’appareil à bavardage », « la machine à parler ») Impossible de ne pas penser à lui ici. « Ils ne sont même pas méchants// À la place de leurs regards qui lisaient directement/ On a mis des journaux ;/ À la place de leurs oreilles qui entendaient véritablement/ On a mis des radios ». Impossible ne serait-ce que d’évoquer les ondes sans songer à Armand Robin. (Ici on a envie de s’arrêter pour écrire juste un mot : Armen, tant il s’impose soudain à mon esprit mais je digresse. Salut Armand Robin. Salut Jean-Pierre Abraham.)
Nous sommes assez mal nantis en France avec seulement une station culturelle quand il en existe vingt-deux en Allemagne, mais qui écoute France Culture ? Les gens, s’ils branchent la radio choisissent plutôt des chaînes musicales, ou RTL, ou Europe 1, que sais-je encore. Ils espèrent depuis des lustres gagner la »Valise« , ils veulent se changer les idées, éviter de s’endormir au volant. Mais j’en connais qui peignent avec » Poésie sur parole « , d’autres qui s’accordent des pauses » Feuilleton « , apprécient d’être » Surpris par la nuit « … Alors qui parle et qui écoute ? Qui dit quoi et comment ? Pourquoi ? Parmi le flot des programmes diffusés cette semaine de pré-rentrée sur une quinzaine de stations FM, j’ai commencé à consigner des paroles. J’ai relevé des bribes, recopié des fragments, pour voir. Ainsi le mot » monde « comme anagramme de… » démon « saisi au vol sur Radio Notre-Dame que je branchais pour la première fois, et où il était question d’être « fol-en-Christ », le mot » Monde « forcément majuscule désignant le premier de nos quotidiens sur les ondes des stations d’info du réseau d’État, » monde « encore pour la planète qui continuera de tourner après le départ de la femme aimée dans une chanson de Joe Dassin diffusée régulièrement sur Nostalgie, » monde « toujours, caché cette fois dans un mot jusque-là inconnu de moi : » ramondeuse de filets « trouvé sur France Culture (pas retrouvé ensuite dans le Petit Robert) grâce à Marie Darrieussecq évoquant le métier fascinant de sa grand-mère maternelle. Et enfin, last but not least, an Anglais dans l’expression » out of the world « employée par un journaliste d’Europe 1 pour qualifier l’état dans lequel il s’était senti bien pendant les vacances dont il rentrait à peine… Il importe de préciser ici que je n’ai pas cherché à démontrer quoi que ce soit a priori : je n’ai guère fait que le scribe et c’est seulement en reprenant mes notes que ces différentes occurrences du mot » monde « m’ont sauté aux yeux. Elles nous disent chaque fois au moins un peu quelque chose de la station concernée, comme par hasard. Certes le mot » monde « ne renvoie pas systématiquement au journal de Jean-Marie Colombani sur Info et Inter, et ma » ramondeuse « pourra sembler tirée par les cheveux. Il n’empêche que c’est sur France Culture que je découvre un mot nouveau, et je ne crois pas qu’il s’agisse de hasard du tout : c’est bien le lieu où cela avait le plus de chances d’arriver, exactement comme Joe Dassin sur Nostalgie ou l’horoscope sur RTL. D’avoir recopié puis lu et relu tous ces fragments de paroles aplatit le message que ne porte plus la voix physique, enregistrable (par exemple, les voix nasillardes que je confonds toujours des deux messieurs météo de France Inter qui semblent constabbent enrhubés, Jacques Kessler et Joël Collado) quand celui-ci n’avait d’autre fonction que de véhiculer de l’information.
 » Une hiérarchie des valeurs donnée par mon enfance ", cela m’arrête encore à la troisième lecture de mon carnet et quand je vérifie qui parle je rencontre Tzvetan Todorov.

Armand Robin La Fausse Parole et Les Poèmes indésirables Le Temps qu’il fait (2002 et 1986)
Le Feuilleton, France Culture, du lundi au vendredi 11h
Surpris par la nuit, France Culture, du lundi au vendredi 22h30
Poésie sur parole, France Culture, du lundi au vendredi, 14h55 et 20h30

Friture au bord de la piscine Par Valérie Rouzeau
Le Matricule des Anges n°46 , septembre 2003.