Premier livre, si l’on excepte Le Corps échéant (Les Cahiers de la Seine, 2000), Face devant contre se présente comme une sorte de théâtre en cinq parties. Théâtre parce que le poème est d’abord sur la page comme un micro-espace scénique ponctué de signes (tirets, points, barres, etc.) où se réinvente le rythme de mémoires, de certains lieux, de certains événements. Théâtre aussi, parce que le poème voudrait, dans son vers coupé très court, sec, sentir affleurer en lui une autre prosodie, une sorte de voix off venue des cœurs antiques. Théâtre (enfin), dans la posture que se donne le poème, parfois emphatique, dur effet de scène, et souvent distancié et quasi abstrait. L’expérience que cherche à scénographier ce livre semble être celle d’une mise à distance du relief du monde. Mais certaines pages rappellent la « dure réalité rugueuse » et empêchent bien le livre d’être lisse comme un verre froid. Oscillation entre saisie physique et notations mentales, Face devant contre aura bien averti : « pour le filage/ enfin.vous garderez/. en second plan// la moirure/ des lambeaux/ de scène/ marquée par le/ retrait d’un/ corps ».
Face devant contre
Isabelle Garron
Flammarion
266 pages, 19,80 €
Poésie Face devant contre
mars 2003 | Le Matricule des Anges n°43
| par
Emmanuel Laugier
Un livre
Face devant contre
Par
Emmanuel Laugier
Le Matricule des Anges n°43
, mars 2003.