Roland Dubillard a beau dire « l’absurde, ce n’est pas mon affaire », il appartient de toute évidence à cette lignée d’inventeurs de rêves qu’ont illustrés Lewis Carroll, Jean Tardieu ou Raymond Queneau. Leur influence se manifeste dans un court recueil de fantaisies conçues entre 1946 et 1951, période d’émergence du jeune Dubillard. Dans ces fables incongrues, historiettes nonsensiques ou contes cruels, il dispensait déjà le charme troublant des comptines déréglées. Le boiteux devient bâton, les pneus paissent en troupeau, les clous rédigent des épîtres au père Noël et en étudiant un peu de physiologie on découvre enfin où se trouve du plombier le noyau. Sérieux comme un marchand de farces et attrapes, le diablotin Dubillard batifole parmi les mots, fait mine de prendre au pied de la lettre, estourbit tendrement quelque personnage, prosopope et anthropomorphise, fait mille étincelles. L’esprit d’enfance a encore frappé.
Irma, la poire, le pneu et autres
récits brefs
Roland Dubillard
Mille et une nuits
95 pages, 2,50 €
Poches Irma, la poire, le pneu et autres récits brefs
septembre 2002 | Le Matricule des Anges n°40
| par
Éric Dussert
Un livre
Irma, la poire, le pneu et autres récits brefs
Par
Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°40
, septembre 2002.