La littérature pornographique est la maîtresse assidue et castratrice du vice. Si elle se délecte de la débauche sexuelle, elle ignore la dépravation morale ou la cruauté psychologique. Il faut donc à l’écrivain beaucoup d’aplomb, de talent et de fantaisie -à défaut d’expérience- pour célébrer le vice sans le restreindre à la seule perversité charnelle. Auguste Corteau ne manque pas d’aplomb. Il y a du sang, du foutre et des larmes dans les cinq nouvelles de son Livre des vices ; c’est un vrai pot-au-feu. Auguste Corteau touille là-dedans avec un plaisir évident. Sous la férule tutélaire du Marquis de Sade, et l’anonymat d’un pseudonyme adopté en hommage à la culture française, cet écrivain grec de 26 ans décrit crûment les déviances sexuelles, anthropophages et nécrophiles. Intraitable, il prend soin d’ignorer les poncifs de la littérature pornographique pour explorer, dès son premier ouvrage publié, la « ménagerie infâme » (Baudelaire). Si ce recueil attire par son incorrection revendiquée, on lui reprochera peut-être l’absence de saillies humoristiques et vicelardes.
Le Livre des vices
Auguste Corteau
Traduit du grec par Caroline Nicolas
Le Serpent à plumes
156 pages, 18 € (118,07 FF)
Domaine étranger Le livre des vices
décembre 2001 | Le Matricule des Anges n°37
| par
Pascal Paillardet
Un livre
Le livre des vices
Par
Pascal Paillardet
Le Matricule des Anges n°37
, décembre 2001.