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Poésie Paupières fermées

août 2001 | Le Matricule des Anges n°35 | par Thierry Guichard

Auteur de plusieurs dizaines de recueils, le Belge Jacques Izoard a composé un fil vertical de strophes courtes (six ou sept vers) qui s’enchaînent en un long poème. Une poésie qui se dévoile dans une évidente simplicité pour le lecteur, concise et cristalline : « Nous aurions voulu/ tout quitter :/ le coquelicot, l’araignée ». Quelque chose comme le filet d’une rivière à quoi s’attachent des souvenirs, des rêves et des colères. Ou plutôt des rages, qui disent mieux le désir. La simplicité est peut-être l’expression de la réussite, d’une adéquation du langage avec le coeur. Elle est liée au choix que le poète fait de donner les clés du langage aux mots, à quelques-uns. Non pas à la phrase (qui serait l’apanage de la raison). La seule nomination, posée comme une pierre en un jardin zen, offrirait au poète et à son lecteur une infinie sérénité. « Ramasse enfin quelques mots,/ écrit Jacques Izoard,/ quelques mots seulement,/ que tu jettes à la figure/ des fées ou des garçons/ qui te côtoient, t’insultent./ Et tu vivras en paix. » Programme sage ou méthode Coué ?
La littérature, la lecture (Sade en un temps où les garçons découvrent du corps les mots qui leur manquent) offrent d’abord un espace nouveau à celui dont le père « criait ». C’est la découverte d’un autre monde (autre vie) que l’on devine dans la trace que laissent ici les vers. Il y est souvent question du désir, des corps de garçons ou de filles : « Ainsi se resserre Automne/ et nous, villageois éméchés,/ nous suivons du regard/ les filles en procession/ cueilleuses de feuilles mortes./ Et nous nous dénudons. » La simplicité dans sa condensation poétique nous ferait presque toucher et les filles et les feuilles et les corps dénudés. Et croire aussi que : « Lèche le mot « bleu »./ Ta langue devient bleue ».
Évidemment, cette simplicité n’est qu’apparente (et il faut les avoir polis longtemps les mots pour qu’ils sonnent ainsi, avec tant d’épaisseur). Jacques Izoard ne se satisfait pas des vers qu’il aligne. Cela ne suffit pas à nourrir le rêve d’une clé qui nous ouvrirait au monde : « Mots sont-ils os/ blanchis en désert/ après siècles et siècles ?/ Voilà notre désir :/ mettre à nu la glu, la sève./ Et humer l’aube. » Autant dire passer au travers du langage, lui faire rendre l’âme, pour n’être plus que de plain-pied dans le monde. On sait ce que la poésie doit à cet impossible-là.
Le long poème ne vise pas seulement à définir le lieu possible d’une adéquation entre les mots, leur sonorité et ce qu’ils sont censés désigner. Écrits sur le mode de « pas un jour sans une ligne » les vers conservent une sensation, une image arrachées au temps qui passe. Ils reviennent, comme le ferait le cheval d’un cocher endormi, à la maison d’origine qu’est l’enfance. Là où, s’il n’est plus question d’habiter, il est du moins possible de dormir… en poète, bien sûr.

DORMIR SEPT ANS
JACQUES IZOARD
La Différence
343 pages, 138 FF (21,04 o)

Paupières fermées Par Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°35 , août 2001.
LMDA PDF n°35
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