Eugène Durif est en colère et l’écrit dans un texte assez virulent. La nuit du changement de millénaire, deux marquis de la culture se rendent à un « raout culturaire ». Mais ce soir-là, les « gueux », ceux à qui on a « effacé la bouche », sortent des lieux souterrains où ils se cachent. Cette nuit devient carnavalesque avec éructations, chants de fin du monde, rires et mises à mort. Durif s’en prend à la langue « propre », « une langue qui ne charrie plus rien/ N’empêche plus personne de dormir/ Un art qui ne parle plus qu’à lui-même » et à la poésie qui s’autoproclame comme telle « à vous faire gerber de ce mot ». Il dénonce un monde en guerre économique qui dispense la mort sans avoir à se salir les mains. Le texte déborde, un débordement tout carnavalesque mais qui alourdit parfois les passages où la langue de Durif n’est plus du tout propre et prend « la sale gueule de l’épopée édentée ».
Actes Sud-Papiers
70 pages, 65 FF
Théâtre Pochade millénariste
juillet 2000 | Le Matricule des Anges n°31
| par
Laurence Cazaux
Un livre
Pochade millénariste
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°31
, juillet 2000.