Deux ans après Vie secrète, Pascal Quignard quitte le « je » et nous plonge à nouveau dans le dix-septième siècle clair-obscur de Tous les matins du monde. Terrasse à Rome narre la vie d’un graveur, Meaume, qui, dès l’incipit se présente « à Bruges j’aimais une femme et mon visage fut entièrement brûlé ». Apprenti eau-fortier en Flandres, il rencontre la fille d’un orfèvre, Nanni, dont la « beauté le laissa désert ». Devenus amants, ils sont un jour surpris par le fiancé de la jeune fille, Valancre, qui défigure Meaume avec de l’eau acide. Dès lors son amour ne voudra plus le voir et épousera son agresseur. Comme Marin Marais jouait de la musique parce-qu’il avait perdu sa voix, Meaume « fait des images qui sortent de la nuit » pour retrouver cet amour perdu avec son visage. Si quelques beautés de style viennent enluminer la masse des phrases courtes et vernissées, les pointes du romancier semblent décidément moins affûtées que celles de l’auteur des Petits Traités.
Gallimard
168 pages, 94 FF
Domaine français Terrasse à Rome
mars 2000 | Le Matricule des Anges n°30
| par
Christophe Dabitch
Un livre
Terrasse à Rome
Par
Christophe Dabitch
Le Matricule des Anges n°30
, mars 2000.