Quatrième livre de la nouvelle collection Sombres Climats (cf. LMDA N°20), le troisième polar de Guillaume Nicloux (publié sinon chez Baleine) déroule une narration limpide et trépidante. Atteint d’un cancer irrémédiable, l’Américain Henry Loughran, la cinquantaine, débarque en France pour trouver et éliminer de drôles de paroissiens. Embauché par une organisation mafieuse, il se voit offrir une projection privée. Le film du jour ? La torture d’un gamin lors d’un rituel pornographique. L’enfant, est la troisième victime d’individus masqués et nus qui aiment plus que tout arracher les yeux, coudre les lèvres, taillader au rasoir leurs jeunes victimes. Celles-ci sont toutes des progénitures des membres de l’organisation. La police n’est donc pas invitée au jeu et notre enquêteur ne devra pas compter sur la volubilité du milieu.De son héros, Nicloux dresse un portrait aux petits oignons. Peu bavard avec ceux qui sont censés l’aider, dur à cuire et habile au coup de poing, Henry garde une âme romantique sous sa vieille carapace de barbouze. Un sentimental revenu de tout, qui ne cherche qu’à garder toujours le contrôle de la réalité. Mais la mort sonnant à la porte, Henry fait les derniers pas en rêvant d’une femme étrange et diaphane. Pour l’accompagner dans sa balade sous le signe du cancer, Henry trouvera le soutien de Roland, tenancier de bar martyrisé par sa moitié. La fraternité virile selon Nicloux s’appuie sur les silences, le laconisme et une souffrance secrète qui n’a nul besoin de mots.Les êtres qui hantent le bar de Roland témoignent d’une atmosphère désespérément morbide, où la solitude n’est qu’un vide que la mort viendra combler. Habile dans l’art du découpage des scènes, l’auteur également réalisateur, devrait monter sa balade sur pellicule. On est prêt à prendre notre billet.
C’est juste une balade américaine Guillaume Nicloux
Climats202 pages, 80 FF
Domaine français Les enfants de Gilles de Rais
novembre 1997 | Le Matricule des Anges n°21
| par
Thierry Guichard
Un livre
Les enfants de Gilles de Rais
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°21
, novembre 1997.