Meet N°1
La Maison des écrivains étrangers et des traducteurs de St.-Nazaire publie le N°1 de sa revue annuelle : Meet, un dock international de positions bilingues…
Active depuis dix ans, accueillant en résidence des écrivains de tous les horizons et leurs traducteurs français, La Maison des écrivains de St.-Nazaire, qui éditent aussi les travaux réalisés par leurs invités, lance sa revue. Dirigé par Patrick Deville, ce premier volume de presque 200 pages, très soigné et accompagné de reproductions de gravures de l’artiste polonaise Anna Sobol-Wejman, en impose. Le projet, en plus de rassembler un choix d’auteurs déjà invités, ou résidents cette année à St.-Nazaire, consacre un dossier de traductions inédites d’écrivains d’Amérique Centrale invités aux Belles Étrangères. Meet s’ouvre par les traductions italiennes, qui renferment des proses truculentes et pleines d’humour, comme celle du romancier Fulvio Tomizza (traduit chez Grasset) sur Trieste et ses vieillards, celle, plus ironique, de Giuseppe O. Longo (L’Acrobate, Gallimard) sur la Signora Enzi. On se rapportera aussi au beau texte sur Trieste du poète et traducteur Jean-Baptiste Para, court mais très éclairant sur l’histoire de cette ville. Si le cahier d’écrivains d’Amérique Centrale déçoit dans son ensemble, par les clichés peut-être culturels qui parcourent les proses, par l’élan mystique des poésies (en dehors du poème Fatigue de Roberto Sosa [Honduras] et très beau récit buzzatien de Cesar Aira [Argentine]), on retiendra les quatrains répétitifs du chinois Gao Xingjan, son humour désinvolte, comme ce « nenni les coqs ne pondent pas d’oeufs/en voilà une fable/affabuler de quoi/pas de quoi affabuler ».
Emmanuel LaugierMeet N°1, 190 pages, 100 FFB. P. 94/ 1, boulevard René-Coty 44602 Saint-Nazaire Cedex