Sans Nom
de William Wilkie Collins
Né en 1824 à Londres où il meurt en 1889, Wilkie Collins apprit à son ami Dickens à composer des intrigues policières. À le lire, on devine combien le professeur maîtrisait son sujet. Sans Nom fait immanquablement penser au récent Quinconce de Charles Palliser qui s’en est inspiré. À la suite d’un drame, deux jeunes sœurs destinées au bonheur, perdent leur fortune, leurs biens et même leur nom. L’une apprendra à accepter son sort modeste, l’autre se rebellera. C’est surtout aux traces de cette dernière que s’attache l’auteur. L’occasion de dénoncer la bonne société victorienne où la richesse la plus prétentieuse s’appuie sur une extrême misère. Plus encore que l’intrigue, c’est la virtuosité avec laquelle l’auteur tisse les pièges que les protagonistes se tendent les uns les autres qui fascine : un vrai manuel de machiavélisme. La psychologie est le terreau sur lequel le combat titanesque entre forces du mal et forces du bien s’affrontent. Dans la tradition shakespearienne, Wilkie Collins associe aux figures sombres du drame des personnages d’un comique populaire irrésistible. C’est dire que le plaisir de la lecture est grand. Dommage qu’à la fin, la morale est sauve. Le tribut à payer à une époque, probablement.
T. G.
Phébus
Traduit de l’anglais par
E. D. Forgues
830 pages, 169 FF
Domaine étranger Sans Nom
septembre 1996 | Le Matricule des Anges n°17
| par
Thierry Guichard
Un livre
Sans Nom
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°17
, septembre 1996.