Dès le début de ce roman, le lecteur comprend qu’il y eut crime, qu’Ann et Abel sont coupables. Mais très vite, il découvre que ce sont des coupables qui ignorent tout de leur culpabilité, peut-être même tout de leur crime : des criminels sans le savoir, sans le vouloir, peut-être donc innocents. La réalité devient alors complexe, et les certitudes courent au bûcher…
« Cette histoire, finalement, était une histoire comme toutes les autres… » Abel s’était rendu sur l’île de Batz, s’était installé au Grand Hôtel Leroux qui donne « sur la baie de Porz Kernoch ». Soudain, Abel avait rencontré les yeux d’Ann ; ils avaient échangé quelques mots, et bientôt un premier baiser. C’était un après-midi d’automne. Il y eut encore six nuits et sept jours, mais dès la quatrième nuit, Ann avait pensé que son mari et ses deux enfants pouvaient bien mourir. Et la dernière nuit fut celle du crime : l’époux et les deux enfants, tués à bout portant. Le procès révèlera que tout a pu se dérouler autrement, qu’Ann et Abel ne sont peut-être pas coupables…
Est-ce au lecteur de décider ? Innocents ? Coupables ? ou les deux à la fois ? Comment se résoudre à formuler un tel verdict ? Où se trouve la vérité ? Peut-être dans les points de suspension qui scandent Les Innocents, dans cet au-delà de la phrase, mais aussi l’au-delà du sens, de la culpabilité comme de l’innocence, une dimension humaine à reconquérir, et surtout à accepter.
Les Innocents P.O.L, 184 pages, 110 FF
Domaine français Le malheur d’aimer
novembre 1995 | Le Matricule des Anges n°14
| par
Didier Garcia
Un livre
Le malheur d’aimer
Par
Didier Garcia
Le Matricule des Anges n°14
, novembre 1995.