Curieux livre que ce Voyage à Trieste, paru pour la première fois en Suisse en 1991. Car bizarrement, malgré une histoire au point de départ exaltant (un vieux professeur de philosophie, convalescent, découvre avant de partir en vacances le faire-part de sa propre mort sur le bloc-notes de sa femme, et tente d’en comprendre les raisons : adultère ?, complot familial ?, folie ?), tout concourt à une sage lecture. Le style évite tout embonpoint (rarement plus d’une action ou description par phrase), l’ambiance est des plus clémentes (en dépit des suspicions) et le récit suit une exemplaire linéarité (préparatifs, départ, voyage). Ajoutons à cela des personnages (six au total) anémiés, évoluant à demi-mots, à demi-gestes. Le résultat laisse pourtant une douloureuse impression de trouble. Lange manie la langue avec cynisme et détachement pour mieux rappeler toute la complexité de l’âme humaine.
Fayard
traduit de l’allemand
par Bernard Kreiss
125 pages, 89 FF
Domaine étranger Le voyage à Trieste
décembre 1994 | Le Matricule des Anges n°6
Un livre
Le voyage à Trieste
Le Matricule des Anges n°6
, décembre 1994.