Plus de 5000 manuscrits reçus, un seul publié. « Il faut décourager les bonnes volontés », dit Georges Monti.
Soyons francs. Les chances d’un auteur en herbe qui envoie son manuscrit aux éditions du Temps qu’il fait pour publication sont minimes, voire nulles. Le manuscrit est bien sûr réceptionné, mais la suite de son parcours reste très aléatoire. A ce stade, tout dépend de la lettre d’accompagnement. Si elle représente déjà « un sommet d’inaboutissement littéraire », le texte a peu de chances d’être lu. Au mieux, un coup d’œil. A l’inverse, une bonne présentation incitera à la lecture et la mention « vu » lui permettra peut-être de circuler dans d’autres mains d’éditeurs. « C’est un des points douloureux du métier, avoue Georges Monti, on ne nous demande pas seulement de recevoir, il faut également répondre. Ma philosophie, c’est d’essayer de décourager les bonnes volontés ». Pourquoi ? « Parce que nos capacités de publication sont en grande partie absorbées par nos auteurs. Tous les deux ans, je reçois un Siesling, chaque année un Pirotte etc., sans parler du programme de réimpression. Depuis novembre, mon programme est établi jusqu’à janvier 1995. » Donc problèmes de temps, de coût, de gestion inutiles.
Depuis sa création, Le Temps qu’il fait reçoit environ 500 manuscrits par an. A ce jour, un seul a été publié, L’Ermitage, de Marie Bronsard, en 1986. « Au début, j’avais un peu honte, je culpabilisais. De l’extérieur, ce comportement peut être assimilé à du mépris, admet Georges Monti. Maintenant c’est fini. » En tout état de cause, une lettre circulaire en guise de réponse est envoyée au bout de six à huit mois. L’exigence n’exclut pas la civilité. Même avec retard.
Éditeur Vu, pas approuvé
octobre 1993 | Le Matricule des Anges n°5
Un éditeur