RUBRIQUE Quartier libre
Les articles
Chorégraphie de ma voisine
Pourquoi continuer à écrire cette chronique ? Au fond de moi, vous l’aurez deviné : la sensation que tout cela est peine perdue, il n’y a rien à attendre, ou plutôt il n’y a qu’à attendre, sachant que ce qui arrivera, ce qui adviendra par la littérature se joue ailleurs, cela n’a rien à voir avec ce que nous attendons dans nos vies, pour nos vies, et pourtant si, cela a à voir. Comment dire ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Pourquoi encore écrire des livres, pourquoi en lire et en parler ?
Pendant un temps nous avions une voisine étrange dans notre immeuble. Elle ne parlait jamais à...
Des livres
Sidérer, considérer : Migrants en France, 2017
de
Marielle Macé
Gommage de tête
de
Marie de Quatrebarbes
Le regret des étoiles
Tous ces livres qui s’accumulent, se dit-on parfois, ces bibliothèques surchargées, ces piles vacillantes. Pourquoi lire un livre en plus ? En ajouter un à la liste de ceux que nous avons lus, pour quoi faire ? De quoi avons-nous peur, à ériger ces murs de livres ? Quelle béance voulons-nous combler ? De quel vertige espérons-nous nous déprendre ? Lire serait-il devenu un but en soi, un...
Tout le monde se ressemble
Cher Patrick Modiano,
Cela fait longtemps que j’hésite à vous écrire. Durant toutes ces années, je n’ai pas cessé de me perdre et de me retrouver dans vos livres. De l’un à l’autre, j’avançais dans un léger brouillard, comme certains matins d’hiver aux abords de la Seine. Parfois j’entr’apercevais des lueurs. De quoi essayais-je de me souvenir en vous lisant ? De vos autres livres ? De ce...
L’espoir fait vivre
Une amie me reproche le côté un peu désespérant de cette chronique. Je vais donc aujourd’hui vous parler de l’espoir. Je vous l’ai déjà raconté. Dans une conversation rapportée par Walter Benjamin, Kafka et Max Brod évoquaient la catastrophe qui s’annonçait en Europe. « Il y aurait donc de l’espoir en dehors de ce monde et de la forme sous laquelle il se manifeste à nous ? », interrogeait...
Comment peut-on s’imaginer ?
Un soir d’été, dans la cabane du parc du château de la clinique psychiatrique de La Borde où vivait Marie Depussé1, son frère lui demande pourquoi, depuis trois ans, elle continue à travailler sur un livre : « Il fait quarante degrés à l’ombre, l’eau coule sur ton corps, et tu continues à travailler… » Et elle, l’étonnement de son frère l’émerveille, et voici tout ce qu’elle trouve à...