RUBRIQUE Entretiens
Les articles
Le long du golfe clair
Un été italien, un narrateur délicatement nostalgique, une femme à suivre : Sébastien Berlendis nous fait son cinéma. Moteur !
Le Rolleiflex autour du cou », le narrateur de Lungomare pourrait bien être le double littéraire de Sébastien Berlendis qui s’emploie lui aussi à « écrire, filmer le roman de la plage ». Et à raconter ses parents à l’époque de leur jeunesse. Le décor de ce jeu de miroirs ? L’Italie, la patrie de cœur du Lyonnais, prof de philo, qui outre l’écriture pratique aussi la photographie et depuis peu la réalisation de courts-métrages. Il y a du Marcello Mastroianni dans son personnage de flâneur de bord de mer que des femmes prennent par la main. L’indolent photographe suit surtout « Annabella,...
Démoniaque Ohio
Deuxième roman de Tiffany McDaniel, L’Été où tout a fondu ramène le lecteur à Breathed et invite le diable à une dramatique villégiature.
Avec Sal, sa peau sombre, ses yeux verts, la chaleur envahit les rues de Breathed, s’infiltre, dévore au plus profond les cœurs et les âmes. L’Été où tout a fondu est un roman sans espoir, au lyrisme dramatique, laissant jaillir des fulgurances lumineuses quand tout fond au noir. Famille, communauté, intolérance, racisme, religiosité : tout s’y mêle, tout s’y brouille, tandis qu’avec la...
Les fantômes de Mia Couto
Retournant sur les chemins de son enfance, l’écrivain mozambicain raconte en écho les luttes de l’indépendance de l’ancienne colonie portugaise.
Mia Couto est né en 1955 au Mozambique, au sud-est de l’Afrique, sur les côtes de l’océan Indien : il a 20 ans quand le pays proclame son indépendance, en 1975, mettant fin à l’oppression coloniale. La présence portugaise, ancienne – les premiers comptoirs ont été établis dès le milieu du XVe siècle – ne s’efface pas complètement, toutefois. La langue portugaise, langue officielle du...
Au Derby des Psaumes
En un tour de piste effréné dans Paris, François Esperet gyrovague au côté des outsiders et des non-partants de la course. Le souffle et l’alacrité.
On avait découvert François Esperet en 2013 avec Larrons (Le Temps des cerises), une épopée qui chantait les voyous, les putains : « Dans Paris prostitué souvent le soir je les vois/ les princes dérisoires de la nuit les beaux étalons/ castrés qui raclent le sol de leurs sabots précieux/ avant de s’élancer trotteurs hystériques efféminés ». Le jeune capitaine de la gendarmerie nationale...
Claro, un écrivain
Entre poésie, réflexion et récit, le nouveau livre de Claro regarde la mort en face et interroge la littérature sur sa capacité à nous aider à faire le deuil de nous-mêmes.
C’est d’abord un étrange livre par l’usage de la ponctuation et de la typographie qui s’y applique. Des textes courts y font comme les dalles du chemin que le lecteur suit. Partant de 1497 à Florence où Savonarole s’apprête à allumer son grand bûcher des vanités, pour arriver à un ultime tombeau d’où coule une « larme creusant sans fin le lit de la terre sans fin creusant le temps ». Aux...