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Révélations des images
Tout commence par un album de photographies anonymes, sans légendes, acheté de nos jours sur un marché aux puces de Sofia. Les images datent des années 1950. On y voit des hommes et des femmes bien habillés qui posent pour l’objectif, prennent un avion, un bus, un bateau, et se présentent au monde ainsi, souriants et unis. Ils se rendent visiblement dans un « pays frère », en RDA, pour un projet inconnu. Ils prononcent des discours au-dessus de longues tablées, observent avec curiosité des danses folkloriques et visitent de prestigieux bâtiments. Peut-être travaillent-ils dans...
La mémoire perdue
Etre un homme sans mémoire, certains y verraient une bénédiction. Celui dont le passé s’efface, renaît chaque jour innocent. C’est l’histoire d’un tel homme que relate le premier roman d’Edmond Agabra. Le narrateur, à qui son passé échappe, travaille chez un éditeur en tant que « nègre » spécialisé, paradoxalement, dans les mémoires de stars. Mais la fermeture de la maison d’édition va le...
Souvenirs, souvenirs
La cité Roosevelt, qui donne le titre aux sept nouvelles de Philippe Lacoche, est située à Tergnier, dans l’Aisne, pays de betteraves et de solitude. L’auteur y a vécu là son enfance, parmi les enfants de cheminots et d’ouvriers de la cité. L’exercice qui consiste à se souvenir à voix haute est périlleux : on sombre vite dans le mielleux pathétique, l’insupportable narcissisme. Ces Charybde...
L’exilée sans retour
Née en Argentine, mais française d’origine, Silvia Baron Supervielle avec Le Livre du retour, raconte la quête d’un voyage impossible. Ecriture poétique et déliée pour un long périple.
La quête de soi-même. Les mots de l’é-perdue sont restés sur un rivage, au bord d’un fossé où s’est engouffrée la mer, et la distance s’est brusquement creusée entre elle et « nous ». « La mer organise notre lumière : elle est notre centre, notre industrie, notre voyage. Elle nous a été accordée en substitution. Puisqu’il ne nous est plus permis de voir, un miroir a été répandu à nos pieds »....
Un livre
Conduite intérieure
de
Pierre Marcelle
Un monde de chat et de chiens
Comment un taxidermiste, agoraphobe, mêlé à une sombre histoire de trafic, trouve refuge le long du périphérique. La Conduite intérieure de Pierre Marcelle mène au renoncement.
Les personnages de Pierre Marcelle ont rarement l’étoffe des héros. S’ils fonctionnent, c’est recroquevillés, sous respiration artificielle, satisfaisant leurs besoins vitaux dans un coin ombragé, loin du tumulte. Artigalas est taxidermiste. Pas d’amis, pas de famille et pour seul compagnon des vertébrés trépassés. « Blanche céramique du métropolitain, émail immaculé de la baignoire,...