La rédaction Xavier Person
Articles
Un auteur
Il n'y a rien à dire sur un livre
À partir du surgissement d’images venues souvent de l’enfance, mais sans verser dans les clichés poétiques, la poésie d’Emmanuel Hocquard est le récit d’une histoire qui n’est pas son histoire.
Cinq livres sont posés sur la table, pas n’importe lesquels. Nous les avons choisis ensemble. Le mieux sans doute, on le comprendra à la fin de l’entretien, aurait été de n’en rien dire, mais il fallait bien dire quelque chose. Emmanuel Hocquard parle lentement, on sent qu’il s’applique à penser à ce qu’il dit, à penser à ce que cela veut dire que de dire quelque chose. Il y a parfois des blancs dans la conversation. Les cinq chats de la maison font souvent irruption, notamment nommés Fleur, Zorro, Bernardo (qui se trouve être la mère de Zorro !). Le poète ne se prive pas de les...
Un auteur
À quoi sert un samouraï aujourd’hui ?
Comment apprendre à désapprendre ? Emmanuel Hocquard enseigne à ses étudiants ce qu’il ne sait pas, pour l’apprendre lui-même.
La parution des conducteurs des cours qu’Emmanuel Hocquard donna à l’École des Beaux-Arts de Bordeaux nous permet de le vérifier : il nous reste encore à continuer d’apprendre à lire sa poésie, c’est-à-dire à toujours mieux désapprendre, nous désaccoutumer. Ses « leçons de grammaire » données dans un atelier de recherche et de création intitulé d’abord Langage & Écriture puis Procédure,...
Un auteur
Le problème avec la littérature
Les livres d’Emmanuel Hocquard ne sont pas à lire comme des livres en plus. Face aux obstacles, le poète avance comme le crabe, par le côté. Son malaise grammatical est une chance pour sa poésie. À l’écart des postures littéraires, celle-ci invente une solitude.
Nous sommes nombreux à avoir passé toutes ces années à lire et relire les livres d’Emmanuel Hocquard, ses poèmes, ses réflexions sur la grammaire. Cela faisait de minces et confondantes déflagrations, nous n’aurons pas cessé de n’en pas revenir. Comment le lire ? Une carte postale nous est parfois adressée à l’intérieur du poème qui dès lors n’est pas exactement un poème : c’est léger,...
Les canaris dans la cuisine de George Oppen
L’idéal serait de ne pas parler des livres dont on parle. Ou d’en parler sans rien en dire. L’idéal serait de pouvoir se taire en parlant. Comment dire ? Un récent reportage dans Le Monde revenait sur la nuit du 13 novembre aux urgences de l’hôpital Saint-Antoine. Plutôt que de trouver les mots que de toute façon ils ne trouvaient pas en accueillant les victimes, les soignants eurent le...
Destitution de pans entiers de moi-même
Rêve désagréable cette nuit, difficile à raconter : je suis moi-même et en même temps mon double qui n’est autre que moi, celui du rêve, dont je vois bien qu’il ne me ressemble pas exactement, dont les actes s’accomplissent comme à l’envers de ma vie, dans une sorte de vie inverse, quelque chose comme ça.
Lecture de Martin de Bertrand Schefer hier soir : le narrateur essaie de raconter sa...
Quartier libre – chronique
Chorégraphie de ma voisine
Pourquoi continuer à écrire cette chronique ? Au fond de moi, vous l’aurez deviné : la sensation que tout cela est peine perdue, il n’y a rien à attendre, ou plutôt il n’y a qu’à attendre, sachant que ce qui arrivera, ce qui adviendra par la littérature se joue ailleurs, cela n’a rien à voir avec ce que nous attendons dans nos vies, pour nos vies, et pourtant si, cela a à voir. Comment dire ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Pourquoi encore écrire des livres, pourquoi en lire et en parler ?
Pendant un temps nous avions une voisine étrange dans notre immeuble. Elle ne parlait jamais à...
L’espoir fait vivre
Une amie me reproche le côté un peu désespérant de cette chronique. Je vais donc aujourd’hui vous parler de l’espoir. Je vous l’ai déjà raconté. Dans une conversation rapportée par Walter Benjamin, Kafka et Max Brod évoquaient la catastrophe qui s’annonçait en Europe. « Il y aurait donc de l’espoir en dehors de ce monde et de la forme sous laquelle il se manifeste à nous ? », interrogeait...
Comment peut-on s’imaginer ?
Un soir d’été, dans la cabane du parc du château de la clinique psychiatrique de La Borde où vivait Marie Depussé1, son frère lui demande pourquoi, depuis trois ans, elle continue à travailler sur un livre : « Il fait quarante degrés à l’ombre, l’eau coule sur ton corps, et tu continues à travailler… » Et elle, l’étonnement de son frère l’émerveille, et voici tout ce qu’elle trouve à...
Courrier du lecteur – chronique
Star Ac
Comment devenir une légende ? Qu’est-ce que la sainteté moderne ? Lire Frédéric Boyer et Christophe Fiat ou relire Gertrud Stein ?.
Comme elle le dit quelque part dans son Autobiographie de tout le monde, pour Gertrud Stein être un saint consistait à se tenir immobile, dans une sorte d’immobilité béate, libéré de tout agir, n’ayant qu’à être soi, tel qu’en soi-même. On conçoit dès lors que pour elle, raconter une histoire, faire le récit d’une vie ne soit pas tant s’en tenir à une progression depuis un début jusqu’à une fin, que répéter, revenir, s’animer dans toutes les directions, tourner mais pas en rond, car on ne repasse jamais exactement par le même point, s’écarter du centre et puis y revenir, mais pas...
Blind test
Questions sans réponses. Énigmes légères. Bonheur discret de la poésie. Tentatives nocturnes.
Qu’est-ce qu’une lecture distraite nous fait nous demander De la distraction ? Que serait une lecture dont la distraction serait le principe actif, le moteur de lisibilité ? Comment lire un livre sans être vraiment tout à fait à sa lecture, en y étant sans y être ? Comment être un lecteur de biais, comment lire une phrase de profil, comment lire une phrase dans sa dimension rêveuse, dans un...
Fin de parti
Le capitalisme vous lasse ? Optez pour la méthode Jou. Débranchez-vous de vous, rejoignez-nous.
Je + nous n’égale pas genou, mais « jou » et le monde Jou n’est pas mou du genou, c’est un super livre, vraiment, qui développant votre lucidité vous fera basculer hors des fictions en cours (« totalement maîtrisées par le capitalisme phase IV »). Le monde Jou n’est pas celui des « freestylers » qui, les pauvres, n’en finissent pas d’exécuter des figures (vous voyez très bien ce que nous...