La rédaction Richard Blin
Articles
Quand l'oreille écrit
Aventurier du calembour, explorateur de l’à-peu-près et grand jouisseur de mots, Jules Vipaldo conjugue le plaisir textuel à la jubilation de « l’ouïssance ». Le résultat est un livre érotico-poético-déconnant.
À tous ceux qui pensent que la littérature, l’écriture, c’est toujours sérieux, les lignes qui suivent ne sauraient convenir. Elles s’adressent plutôt à ceux qui, dans la lignée du Rimbaud aimant les peintures idiotes, les enluminures populaires, les livres érotiques sans orthographe et les refrains niais, ont parfois besoin d’être détournés de certaines habitudes du sens, ont besoin de fuir l’univocité et la clarté signifiante, de retrouver un peu de l’étonnement premier face à la présence nue des mots – leur forme, leur figure, leur matière – et de renouer avec le plaisir des yeux et de...
Les ailes du silence
« Crucifié sur un cristal » : c’est ainsi que Nicolas Dieterlé qui s’est suicidé à 37 ans définit le poète. Une voix nue, prenante, à découvrir.
Premier texte publié d’un écrivain qui n’a jamais souhaité le faire de son vivant, L’Aile pourpre de Nicolas Dieterlé (1963-2000) est un florilège d’instants, le journal d’une âme. C’est le parcours initiatique d’un homme qui las de vivre dans la banlieue de lui-même, « dans cette périphérie ingrate, coupée du fleuve de la vie, où les êtres et les choses ressemblent à des ombres fanées » a...
Un livre
Essais de voix malgré le vent
de
Olivier Barbarant
La danse du deuil
Jeter des mots sur ce qui déchire, confesser son désarroi mais sans renoncer au chant. Le pari réussi d’Olivier Barbarant.
Le troisième livre de poésie d’Olivier Barbarant (né en 1966) est composé de quatre parties. Quatre parties dessinant une sorte de (dernier) carré de résistance face au vent, qui symbolise ici toutes les forces de dislocation. Un espace émotionnel particulièrement poreux à tout ce qui ébranle. Mais, sous les gestes de la vie, contresignant comme la vérité d’un rapport au monde, c’est...
Un livre
Des rivières plein la voix
de
Ludovic Janvier
Jusqu’à plus soif
En suivant la parole d’eau de Ludovic Janvier, s’ouvre un chemin d’hypnose entre sources et sortilèges.
On connaissait Ludovic Janvier poète, romancier, nouvelliste, on le savait commentateur de Beckett, le voici en ivrogne d’eau, en prosateur de la soif, en phraseur de rivière. « J’attends d’une rivière qu’elle bouge en moi, cette écurie d’Augias, qu’elle emporte de moi tous les entassements, tous les encombrements, qu’elle me lave de mes blocs, à chaque instant qu’elle m’ouvre et me passe au...
Un livre
Masques
de
Bernard Demandre
Sous le masque
Tout visage est un paysage, une composition, un lieu plus qu’énigmatique qu’on aborde de face ou qu’on fuit. Toujours particulier, variant selon le moment et les présences, il incarne la difficulté à se saisir, à se reconnaître en une seule figure. Jeu de masques et de dupes que Bernard Demandre a décidé, lui, d’affronter de face. Sur la scène toujours changeante de ce petit théâtre de la...