La rédaction Richard Blin
Articles
Quand l'oreille écrit
Aventurier du calembour, explorateur de l’à-peu-près et grand jouisseur de mots, Jules Vipaldo conjugue le plaisir textuel à la jubilation de « l’ouïssance ». Le résultat est un livre érotico-poético-déconnant.
À tous ceux qui pensent que la littérature, l’écriture, c’est toujours sérieux, les lignes qui suivent ne sauraient convenir. Elles s’adressent plutôt à ceux qui, dans la lignée du Rimbaud aimant les peintures idiotes, les enluminures populaires, les livres érotiques sans orthographe et les refrains niais, ont parfois besoin d’être détournés de certaines habitudes du sens, ont besoin de fuir l’univocité et la clarté signifiante, de retrouver un peu de l’étonnement premier face à la présence nue des mots – leur forme, leur figure, leur matière – et de renouer avec le plaisir des yeux et de...
Diagonale du soufre
Un son, un rythme, du panache, de la gravité aussi, la poésie de Laure Cambau relève d’une verve aussi lucide que débridée et d’un sens souverain de la désinvolture assumée. « Laisse tes rêves/ géographie souterraine/ sur le tabouret// un homme à la coque/ daté à l’encre rouge/ sur la fesse gauche// pluie sur le laurier/ un crapaud sous la soutane/ ton corps à l’ouvrage// mon lit est un zoo/...
Un livre
L' Homme qui voulait naître moi
de
Romain Graziani
Les sucs noirs
Imposant sa voix, toujours surprenante, Romain Graziani donne à entendre la mélodie du possible sur fond d’ironique dérision.
Dans Mues indigènes (Fata Morgana, 2002), Romain Graziani appréhendait diverses manifestations de la vie selon des angles et des plans de perception inaccoutumés. Variant avec virtuosité les sujets d’énonciation comme les styles, il explorait une réalité allant du microscopique au sidéral. Avec L’Homme qui voulait naître moi, il va encore un peu plus loin. Abolissant toute discrimination...
Des livres
L' Homme noir
de
Sergueï Essénine
Journal d’un poète
de
Sergueï Essénine
Ange et démon
Sa rage d’absolu, son sens du don et sa destinée tragique en font le poète le plus populaire de Russie. Sergueï Essénine (1895-1925) a brûlé sa vie. Deux nouvelles traductions nous le prouvent.
Avec ses yeux bleus et ses cheveux dorés bouclés, il ressemblait à un héros de conte russe. Quand il débarque à Petrograd (Saint-Pétersbourg), Sergueï Essénine est bien décidé à se faire connaître et reconnaître. Né vingt ans plus tôt à Konstantinovo, un pays d’eau, de steppe et de bois, et tôt initié aux rudes réalités de la vie rurale (« J’avais à peine trois ans qu’ils me juchaient à cru...
Des livres
Précis de dynamitage
de
Lucas Hees
Fond de troisième œil
de
Matthieu Messagier
Beau comme impossible
Ils soumettent le réel à la lumière noire de leurs vers en surtension et font de l’implosion le moteur de leur écriture. Une anthologie, et un nouveau livre de Matthieu Messagier, pour découvrir les poètes électriques.
Ils étaient jeunes, frondeurs, « à l’affût d’une autre beauté, d’un autre désespoir », et n’imaginaient la poésie qu’insoumise et convulsive, grosse de ce pouvoir d’illumination sans lequel elle n’est rien. La poésie comme résidu de calcination, éclats sauvages surgis de la ruine exaltée du rêve, du langage, du désir. Des éblouissements, de l’hérésie, de l’insensé mûri au plus secret...