éditions Minuit
A propos
Littérature as usual
On ne voyait pas un nuage le samedi 1er novembre 1755 à Lisbonne. Vers dix heures moins vingt le ciel était au beau fixe, une légère brise venait du nord-est, précise William Marx dans son Adieu à la littérature1. La matinée se présentait sous les meilleurs auspices, nous dit-il, chacun vaquait à ses occupations quand, tout à coup, un obscur grondement se fit sentir, première des trois secousses qui, en quelques instants, allaient provoquer la catastrophe que l’on sait : l’une des villes les plus riches de l’Europe rayée de la carte, 30 000 victimes. L’impensable advint soudain, les...
Minuit, à l’aube algérienne
À l’heure où on célèbre avec les accords d’Évian le cinquantenaire de la fin de la guerre d’Algérie, les Éditions de Minuit rééditent les livres qui furent les jalons majeurs d’un combat mené contre le déshonneur et la déraison d’État. Indignez-vous ! écrivaient-ils.
À travers les publications qu’elles suscitent, les commémorations ont au moins pour vertu de nous inciter à nous abstraire du temps qui est le nôtre pour tenter de retrouver le sens d’événements que leur éloignement nous rendait pour une part opaques ou hermétiques. La lecture des ouvrages que les Éditions de Minuit font reparaître à cette occasion offre ainsi l’opportunité de connaître les...
Ouvrages chroniqués
L' Absolue Perfection du crime
de
Tanguy Viel
2001
Lmda N°36
Dans un polar où les personnages endossent leur rôle avec fatalité, Tanguy Viel joue dans son troisième roman avec les mythes du genre. Noir, impair et gagne.
Marin revient de trois ans de cellule pour reprendre sa place au sein de la « « famille » ». Il faut mettre des guillemets, puisque ses membres eux-mêmes en collent à ce mot de « famille » qui dit le souhait d’appartenir à un faisceau de valeurs à l’horizon desquelles il y aurait l’éternité d’un caveau. Andrei, Marin et le narrateur ont fait allégeance à « l’oncle », un vieux mafieu de...
Les liens du crime
septembre 2001
Adultère
de
Yves Ravey
2021
Lmda N°222
Dans un décor à la Edward Hopper, Yves Ravey ajuste avec Adultère l’inexorable tic-tac du drame suburbain.
Lors d’une rencontre à Toulouse en 2015, Yves Ravey disait : « il y a dans toute ville, plutôt à la périphérie désormais, une station-service par exemple. Et cette station implique plein de choses : l’essence, les couleurs, les néons, les pompes, l’argent, ce qui y est vendu, etc. Tout ça, c’est important (…). Mais c’est aussi parce que c’est en même temps plus simple d’écrire comme ça....
Mécanique horlogère du suspense
avril 2021
L' Âge de détruire
de
Pauline Peyrade
2023
Lmda N°239
C’est un beau titre emprunté à Virginia Woolf et un premier roman intrigant. De la destruction le lecteur ne perçoit au début pas grand-chose : il s’agit pour la toute jeune héroïne et narratrice d’emménager avec sa mère dans leur nouvel appartement. La mère et l’écrivaine meublent donc l’espace d’objets et de notations réalistes – façon Minuit. Alternent alors scènes domestiques et scènes...
L’âge de détruire
janvier 2023
Archipel (suivi de) Nord
de
Claude Simon
2009
Lmda N°101
Squelettes emmêlés couchés parmi les vivants avec leurs fantastiques racines comme de couronnes de poignards leurs membres tordus convulsifs gris argent je marchai sur le silence de lichen le silence de sable (on dit qu’il existe ainsi des cimetières de baleines étendues d’ossements) ceux abattus par les dernières tempêtes encore intacts durs d’autres s’effritaient lorsque je mettais le pied...
Les paysages de Simon
mars 2009
Article 353 du code pénal
de
Tanguy Viel
2017
Lmda N°179
À défaut d’être un poisson, on peut toujours faire des films ou écrire des livres. On pourra toujours faire comme si on ne faisait rien, comme si rien n’advenait. On ferait comme Paterson dans Paterson de Jim Jarmush, qui après que le chien de son amoureuse a déchiqueté le cahier où il consignait ses poèmes, la rassure en lui disant que cette destruction n’est pas si grave, puisque c’est sur...
À quoi pensent les poissons ?
janvier 2017
L' Auteur et moi
de
Eric Chevillard
2012
Lmda N°137
À l’instar de son imagination et de son style plantureux, Éric Chevillard nous offre une production savoureusement foisonnante : son dernier (et trentième) livre porte l’anathème sur le chou-fleur.
Le nouveau roman de ce maître de l’autofiction postmoderne s’ouvre par un avertissement des plus ironiques. Qu’on en juge : comme de nombreux auteurs contemporains qui aiment à parler de leurs livres, Chevillard revient sur la genèse et la réception de Dino Egger (Minuit, 2011), nous faisant part de témoignages de lectrices émues d’avoir reconnu dans le nom du héros une chère disparue. Nous...
Un auteur gratiné
octobre 2012