La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Histoire littéraire Paysages du fantastique

novembre 2022 | Le Matricule des Anges n°238 | par Thierry Guinhut

Cinq contes illustrés du maître de l’inquiétante étrangeté, E.T.A Hoffmann.

Dans la nuit d’E.T.A. Hoffmann

Si le premier roman fantastique est celui du Français Jacques Cazotte, Le Diable amoureux, en 1772, l’Allemand Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (1776-1822) est le propagateur génial du genre. Dès 1829 les Français le traduisirent, Gavarni l’illustra brillamment en 1849. Quoique ses œuvres complètes figurent chez Phébus, Dans la nuit offre une initiation réunissant cinq contes, entre diableries, folies et furieuses histoires emboîtées.
Il naît à Berlin un enfant à la « silhouette difforme de radis tordu ». Est-ce la faute de la vieille sage-femme ? La sorcière est brûlée, mais la silhouette du bel et trop aimable « étranger » qui séduisit toute la ville s’en élève. Le Diable à Berlin fait preuve d’une efficacité redoutable, non sans morale implicite. Ce tropisme médiéval cède le pas aux fantômes et aux rêves brûlants. Lorsque l’on aime une jeune fille à la mère effrayante, voire satanique, ne risque-t-on pas d’avoir épousé une vampiresse : « Maudite fille de l’enfer, tu hais la nourriture des vivants parce que tu adores celle des morts ! », s’écrie le comte. Quant à cette Maison sinistre, est-elle hantée, ou faut-il « accepter l’explication prosaïque »  ? Reste qu’il faut se garder des « sortilèges amoureux » : la « reine des profondeurs » des Mines de Falun prendra-t-elle possession d’Elis, aux dépens de sa raison et de sa fiancée ?
Voici le récit le plus emblématique de notre romantique. Quoique Le Marchand de sable soit une faribole pour les enfants durs au coucher, la chose reste prégnante pour Nathanaël qui se heurte au « vieux Coppelius » qu’il pense être le meurtrier de son père. La lunette de l’homme aux yeux lui permet de s’amouracher de sa voisine à la fenêtre, de danser en un rythme frénétique avec elle, de la séduire idéalement, même si elle ne répond que par des « Ah Ah », donc d’abandonner la douce Clara. La folie et le suicide sont au bout de l’obsession pour le parfait automate. « Fruit de (son) imagination » ? Le récit épistolaire hésite entre « obscure puissance psychique » du moi et manifestations de l’irrationnel, car jusqu’au bout Coppelius, le facteur d’yeux, le harcèle de son ironie…
Innombrables sont les compositeurs qui s’inspirent d’Hoffmann. Pensons au ballet Coppélia de Léo Delibes, au Casse-Noisette de Tchaïkovski, aux Contes d’Hoffmann d’Offenbach, où la séduisante automate chante avec grâce. Hoffmann écrit avec un sens du rythme, du suspense et de l’angoisse vertigineux. À son style étincelant l’on devine que le traducteur a mis tout son entrain. Cette édition est un plaisir : outre son texte et sa postface, ses illustrations stylisées tout en noirceur et blancheurs mystérieuses, à la fois enfantines et expressionnistes, par Tristan Bonnemain, sa reliure soignée, tout concourt à une aimable bibliophilie.

Thierry Guinhut

Dans la nuit
E.T.A. Hoffmann
Traduit de l’allemand par Philippe Forget
Illustrations de Tristan Bonnemain
Postface d’Élisabeth Lemirre et Jacques Ciotin
Les éditions du Typhon, 268 pages, 26

Paysages du fantastique Par Thierry Guinhut
Le Matricule des Anges n°238 , novembre 2022.
LMDA papier n°238
6,90 
LMDA PDF n°238
4,00