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En grande surface Le livre à venir

juillet 2022 | Le Matricule des Anges n°235 | par Pierre Mondot

Il est question d’une septième vague. Notre époque bégaie et sur son premier quart, la frise du XXIe s’entortille. À suivre donc en juillet, masques, tests, doses, distances. Mieux vaut devancer cet ennui pour d’ores et déjà s’isoler. Profiter de cette retraite pour écrire, réaliser enfin ce projet de roman si longtemps différé. D’accord, l’art est difficile mais jugez de l’aubaine, les éditions Le Robert viennent justement d’ajouter à leur catalogue une nouvelle série : Secrets d’écriture. Des pointures du paysage littéraire français y partagent trucs et astuces à l’intention des romanciers en herbe. Déjà quatre contributions : Toussaint, Morgenstern, Bussi et Thilliez. On repose les deux premiers. L’auteur de La Salle de bain parce qu’en période d’inflation (le pot de moutarde a doublé), il convient de viser le succès avant la gloire. On visitera les autres pièces de la maison plus tard. Pour Morgenstern, ce n’est pas la rentabilité qui est en cause, la littérature pour adolescents semble un secteur prospère mais le genre exige d’écrire penché et l’effort décourage. On garde les deux autres. Des auteurs de polars poids lourds dont les tirages dépassent régulièrement les deux cent mille exemplaires. Leurs œuvres de loin pourraient se confondre mais le titre choisi par chacun pour son art poétique permet un distingo : Bussi (La Fabrique du suspense) cible la surprise en concevant « des romans à twist » qui vont « générer chez le lecteur un effet waouh et provoquer cet instant de bascule où le livre tombe presque de ses mains, parce que ce qu’il lit n’a plus de sens, défie la raison ». Thilliez (Le Plaisir de la peur) fait quant à lui commerce d’effroi. Mais pas trop. Un jour, il a bouleversé une lectrice enceinte et s’en veut depuis : « J’avais angoissé cette future mère, j’avais échoué. » On dirait deux forains : l’un à la tête du labyrinthe géant, l’autre du train fantôme (sécurisé).
Chaque volume de cette collection reprend le même canevas. Les auteurs commencent par raconter leur parcours littéraire – de la vocation au succès – et témoignent des doutes rencontrés avant de gagner la confiance du public. Franck, par exemple, s’est lancé sur Internet. Il faut dire qu’à ses débuts, le monde de l’édition lui était « aussi opaque que la boîte noire d’un avion ». Passé ce premier temps autobiographique, nos deux mentors prodiguent enfin leurs conseils. Vite, un surligneur. Bussi édicte « les vingts commandements du suspense » et « les vingt commandements du twist ». Il faudra soigner le début, saisir le lecteur au collet. Capital, l’incipit. Mais sans non plus bâcler la fin. Entre ces deux points, on veillera à maintenir une alternance savante au long du récit, en gardant à l’esprit « qu’après l’action, il ne faut pas avoir peur de jouer sur les sentiments » (MB). Penser à offrir aux personnages « des moments intimes où ils vont pouvoir exprimer d’autres facettes de leur personnalité » (FT). Le choix du protagoniste, autre aspect important. Pour susciter l’empathie et activer « les neurones miroir » du lecteur, le héros devra présenter « une caractéristique physique ou mentale » qui rende « son chemin plus compliqué que la moyenne » (par exemple un président avec une majorité relative). Enfin, la paire s’accorde pour affirmer que le secret, c’est d’abord une bonne histoire. Et que cette bonne histoire dépend d’une bonne idée : « Quand vous la tenez, quand vous la sentez vibrer en vous, vous avez déjà parcouru la moitié du chemin » (FT).
Et le style ? Faut-il s’en inquiéter ? Bussi hausse les épaules : « Jules Verne écrivait-il mieux ou moins bien que Marcel Proust ou que Gustave Flaubert ? Se poser la question me paraît ridicule ! » (à nous aussi). Thilliez, ici encore, rejoint son confrère, nul besoin de soigner sa prose, il faut écrire « brut et instantané », « sans filtres », « un peu comme Francis Bacon avec ses peintures ».
Clin d’œil de l’éditeur, chacun de ces précis de création romanesque s’achève sur une rubrique intitulée « Mon petit Robert ». Les écrivains de la série choisissent une dizaine de mots qu’ils commentent. L’occasion pour Michel et Franck de mettre en avant leur sensibilité à la langue. Bussi ouvre son lexique avec libellule, « aussi joli que l’animal qu’il désigne : il possède comme elle, la délicatesse de s’écrire avec quatre “ailes” ». Thilliez célèbre suspense  : « J’aime ses sonorités en S qui font penser au sifflement angoissant d’un serpent : rien que le fait de le prononcer me provoque une certaine angoisse. » Waouh.

Le livre à venir Par Pierre Mondot
Le Matricule des Anges n°235 , juillet 2022.
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