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Théâtre L’étoile filante

janvier 2020 | Le Matricule des Anges n°209 | par Laurence Cazaux

Quand, en pleine crise, l’Islande réinventa joyeusement le monde.

Avec Surprise parti, Faustine Noguès évoque ce qui s’est passé en Islande, à Reykjavik de 2010 à 2014, à la suite de la crise financière qui a mené le pays au bord de la faillite. Une expérience tout à fait unique, à savoir l’élection par une ville plutôt conservatrice d’artistes anarcho-surréalistes et novices en politique. Et le succès étonnant de cette initiative qui imagine une autre manière de gouverner.
Trois des principaux personnages de la pièce sont donc bien réels. Jón Gnarr, acteur, humoriste, bassiste punk, fondateur du Meilleur Parti en 2009 et donc maire de Reykjavik de 2010 à 2014. Heida Helgadóttir, photographe, chercheuse en sciences politiques et Óttar Proppé, chanteur punk et acteur.
Ce texte résonne énormément avec le rejet que l’on connaît de la classe politique. Et la difficulté de concevoir un autre mode de représentativité. Pour mesurer l’ampleur du décalage, voici un des discours du candidat Gnarr : « Comme on sait que les élus ne tiendront pas leurs promesses de campagne, je veux être transparent et vous promettre de ne pas tenir mes promesses. Alors l’avantage c’est que je peux mettre tout ce que vous voulez dans mon programme. Par exemple je voudrais construire un Disneyland dans l’aéroport. Ça créera beaucoup d’emplois et ça sera bénéfique pour le tourisme. L’entrée sera gratuite pour tous les habitants de Reykjavik et les personnes en recherche d’emploi pourront se faire prendre en photo avec Mickey gratuitement. » Leur slogan était : « Plus c’est punk, moins c’est l’enfer ». « - Vous savez ce que ça veut dire : “Punk is dead ?” - Le punk est mort ? - Certes, mais ça veut pas dire qu’il est mort après avoir vécu, ça veut dire qu’il peut pas vivre du tout. Dès qu’il se met à vivre, hop, il meurt. Être mort, c’est sa condition pour exister. Et les Sex Pistols, comme les Clash, j’imagine que vous connaissez aussi les Clash… ? Ben eux, ils ont pas compris ça, ils ont voulu vivre et ils sont entrés dans les réseaux commerciaux, alors que le point de départ du punk, c’était justement de s’opposer à ces réseaux-là et de dire que n’importe qui pouvait faire de la musique dans son garage, en autonomie. »
Le texte est traversé de fulgurances de l’ordre du bouffon et c’est jubilatoire de penser que tout cela a réellement existé. Ainsi, les personnages réfléchissent à comment improviser un concert de musique digestive ou des outils pour une démocratie participative avec la création du BILI, pour Bureau des Initiatives Légales et Illégales, et du BUB, le Bureau de l’Urbanisme Badin. Comme : « une option Dérive de notre application de cartes. L’idée à terme pour cette option c’est qu’elle te propose plusieurs chemins pour aller à l’endroit que tu veux, des chemins qui ne sont pas les plus courts, des chemins qui sont des détours. » Nous sommes invités à prendre des chemins de traverse dans une attitude finalement profondément poétique.
Faustine Noguès a réécrit pour nous ce bouillonnement magique où pendant quatre ans s’est inventée une autre manière de faire. La pièce est construite comme une polyphonie. L’auteure fait se croiser plusieurs niveaux de langue, en forgeant une langue des politiques, absurde. Les dialogues se percutent sans cesse. Cela donne l’impression que ça fuse, que c’est le bazar tout en étant extrêmement vivant. Avec une vitalité qui donne du plaisir à la lecture de cette pièce festive, joyeuse et revigorante.
L’expérience aura donc duré quatre ans. Jón Gnarr refusa de se représenter, alors qu’il aurait eu toutes ses chances d’être réélu. Que reste-t-il de tout ceci ? On apprend dans un épilogue qu’une place de Reykjavik porte désormais son nom avec une statue de lui. Espérons que cette utopie continue de demeurer vivante et pas seulement figée dans le marbre.
Laurence Cazaux

Surprise parti, de Faustine Noguès
Éditions Théâtrales / Journées de Lyon des Auteurs de Théâtre, 96 pages, 12

L’étoile filante Par Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°209 , janvier 2020.
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