Comme beaucoup d’écrivains, Alexandre Vialatte (1901-1971) s’est d’abord essayé à la poésie avant que d’en venir au roman (Battling le ténébreux, Le Fidèle berger et Les Fruits du Congo) et à la chronique. Voici donc réunis quelque quarante poèmes, répartis en trois périodes : ceux de l’année 1920, ceux des années 1921 à 1923, et ceux postérieurs à 1950. Cela n’étonnera personne, on y trouve de la poésie, mais alors une poésie simple, et qui n’ose jamais se prendre au sérieux : « Parfois, à la clarté des lampes électriques, / Les enfants appliqués à l’étude du soir / Ornent avec amour de bleus géographiques / Les lointains océans du cahier de devoirs. » Mais comme souvent chez Vialatte, son œuvre étant à ce titre un véritable cabinet de curiosités, on y trouve de tout : des « hippocampes rachitiques », un collège où l’on distribue « des prix bleus », un corsaire négrier ayant dévoré un crocodile, le cocotier de Cayenne « qu’on nomme Tourlouri », « un petit catoblépas des mers polynésiennes », des figures de style que l’on n’a jamais vues ailleurs sinon peut-être chez Rabelais (« paronomasyes »), des titres qui font écho à ceux des chroniques (« Complainte des cœurs bleu pâle »), et même l’ami Pourrat, qui apparaît furtivement à la fin d’un vers… Les lecteurs fidèles y retrouveront facilement Vialatte (il y a dans ce recueil une fraîcheur et un goût marqué pour l’exotisme qui sont comme sa signature). Mais pour ceux qui ne l’ont encore jamais lu, La Paix des jardins n’est peut-être pas la meilleure porte pour entrer dans son œuvre : on y voit un Vialatte parfois maladroit, comme emprunté, et pour tout dire moins séduisant que d’ordinaire.
Didier Garcia
La Paix des jardins,
d’Alexandre Vialatte
Le Dilettante, 112 pages, 15 €
Domaine français La Paix des jardins
novembre 2019 | Le Matricule des Anges n°208
| par
Didier Garcia
Un livre
Par
Didier Garcia
Le Matricule des Anges n°208
, novembre 2019.