Nu(e) N°58 (Andrea Zanzotto)

La revue Nu(e) consacre son N° 58 à l’immense poète italien Andrea Zanzotto (1921-2011). S’attachant à la transmission des dialectes, leur donnant la chance d’une modernité que beaucoup supposèrent obsolète, Zanzotto interrogea sa place dans « l’interminable querelle de la langue italienne, (qui) est étroitement liée non seulement à l’histoire de la littérature italienne, mais encore à celle de la nation elle-même », propos qu’il développe dans les entretiens ici réunis (plus de quarante pages, dont celui avec le traducteur Philippe Di Meo). On se reportera par ailleurs aux différentes approches des processus d’écriture que Zanzotto déploya radicalement, avec une largesse d’exploration très précise, jusqu’au baroque, dont celle sur « l’ébloui » dans Phosphènes, sur le « sublime corrompu » et la « virtualisation du sentir », voire sur les « lieux et positionnements » de son langage. Ce que P. Parlant synthétise en questionnant « Ce que peut le poème » chez Zanzotto quant à ce qu’il doit louer du monde sans cacher l’inquiétude et la perplexité que relève le laudare latin. Autre aspect de l’œuvre ici envisagée est celle de Zanzotto critique, que P. Benzoni appelle, d’une très belle formule, les « bourdonnements, moiteurs et cristallinités » de sa prose réflexive, laquelle se traduit autant en « figurations articulées et en analogismes débridés », qu’en recourant à une « pluralité de registres et de domaines convoqués » d’une « ampleur étourdissante ». E. L.
Nu(e) N° 58, 211 pages, 17 €
(29, rue Primerose 06000 Nice)