Donné à voir « , telle est la signification du mot théâtre en grec. Au cours des civilisations, qu’a t-on voulu donner à voir par le théâtre ? Jean Duvignaud, juste avant de nous quitter, répondait : » susciter l’incertaine anxiété de ce qui peut être et qui reste caché « . Belle et sibylline formule que la vingtaine d’intervenants de Sigila, revue franco-portugaise sur le secret, explicite. Ainsi Simon Berjeaut nous transporte dans l’ancien Broadway lisboète, le Parque Mayer, haut-lieu de théâtres de revues sous le dictateur Salazar et démontre comment ces » revistas « servaient d’exutoire en transgressant habilement la censure. Pedro Vianna, poète et dramaturge brésilien, exilé deux fois, raconte comment le régime brésilien des années 60 et 70 avait inventé et promulgué » le décret secret ", la connaissance du texte étant réservée aux seules personnes chargées de son application. Il en fit une pièce de théâtre. Le 25 octobre 2001, le président G.W. Bush l’intégra, lui, dans le Patriot Act. Sous les hauts patronages de Nietzsche, Barthes et Artaud, ethnologie, psychanalyse, philosophie, littérature dévoilent ici finalement plus sur ce que le donné à voir peut cacher que ce qu’il nous révèle. Avec intelligence et esprit critique.
Sigila N° 20 (Théâtre du secret) - 243 pages, 16 € (21, rue Saint-Médard 75005 Paris)
Revue Jeux d’illusions
janvier 2008 | Le Matricule des Anges n°89
| par
Dominique Aussenac
Jeux d’illusions
Par
Dominique Aussenac
Le Matricule des Anges n°89
, janvier 2008.