Milan, la cité de Quarto Oggiaro a mauvaise réputation. C’est une succession sans fin de barres HLM, sans aucune place pour animer la vie des habitants. Pour beaucoup, c’est un lieu mal famé où il ne fait pas bon traîner. Gianni Biondillo, qui a vécu trente ans en plein cœur de ce petit Chicago, situe là son premier roman. Sur fond de malversations immobilières, de vol à l’étalage et de meurtres crapuleux, il suit les enquêtes de son héros, l’inspecteur Ferraro, un flic dépressif qui va réunir toutes ces affaires en un seul dossier explosif. Depuis son QG, un commissariat miteux, il est amené à fricoter avec la haute société milanaise, empêtrée dans des trafics divers et des histoires de spéculation. Tout en égrenant les saisons, il dresse le portrait de tout une ville, en s’attardant sur la vie de Quarto Oggiaro, tour de Babel où des migrants de toute l’Italie et des étrangers ont recréé une langue à eux, entre les dialectes et l’italien académique. Il se retrouve à la croisée de chacune des classes sociales, qui s’ignorent habituellement, mais se réunissent dans le crime. À chacun son domaine : aux bourgeois les délits financiers et les assassinats d’intérêt, aux pauvres les petits trafics. Dans sa carte sociologique, Biondillo défend son quartier dont il trouve la mauvaise réputation surfaite. Ainsi, les plus malsains ne sont pas là où les lieux communs les situent, et ses voyous apparaissent finalement plus sympathiques que les beautés sculpturales mais machiavéliques des beaux quartiers. Biondillo en déduit une théorie du crime, même s’il la reconnaît imparfaite : « On tue pour le fric ou pour le sexe, grosso modo, on tue pour le pouvoir ».
Pourquoi tuons-nous ? de Gianni Biondillo
Traduit de l’italien par Claude Bonnafont,
Joëlle Losfeld, 323 pages, 25 €
Domaine étranger Quatre saisons en enfer
novembre 2006 | Le Matricule des Anges n°78
| par
Franck Mannoni
Un livre
Quatre saisons en enfer
Par
Franck Mannoni
Le Matricule des Anges n°78
, novembre 2006.