Giovanni Pic de la Mirandole fut l’auteur des 900 Conclusions introduisant de nouvelles vérités philosophiques ou démontrant la vérité du christianisme, pourtant toutes condamnées en 1487, puis d’une Disputation de l’astrologie défendant une étude scientifique des astres. Moins connu que son oncle, voici Jean-François, lui aussi brillant humaniste, dont ce traité de 1500 et publié à Venise l’année suivante, est pour la première fois traduit, avec texte latin en regard.
En bon commentateur des anciens, il exploite Aristote et Platon, Epictète et Cicéron. Mais au-delà du désir de susciter des passions (crainte ou espérance) pour approcher la vérité du christianisme, il va placer ces passions « dans une topographie de l’âme humaine » (pour reprendre le préfacier Jean-François Moreau) où l’imagination est fondamentale ; ce qui est déjà moderne.
À la défense et illustration de l’imagination, succède la crainte que dévoyée elle entraîne l’âme vers les « sorcelleries du corps », ce pourquoi notre auteur tente de l’engager dans la voie du salut… Cette « vertu phantastique », « flot intarissable de représentations », est « souvent vaine et erratique ». Venue des « bons et des mauvais anges », comment exploiter sa puissance pour affiner l’homme et son intellect ? En chassant l’imagination de la mort et des voluptés indignes, en obéissant à la raison, en s’ouvrant aux « lumières chrétiennes » grâce à l’imagination.
Voilà un texte philosophique certes daté, mais clair et séduisant, d’une collection « La bibliothèque volante » qui intègre des écrits rares et nous promet Hume et Marcile Ficin…
De l’imagination de Jean-François Pic de la Mirandole - Traduit du latin par Christophe Bouriau, Comp’Act, 160 pages, 19 €
Histoire littéraire Traiter les passions
octobre 2005 | Le Matricule des Anges n°67
| par
Thierry Guinhut
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Traiter les passions
Par
Thierry Guinhut
Le Matricule des Anges n°67
, octobre 2005.