Leur programme de publications pour 2005 est déjà bouclé. Douze livres en prévision. L’acte de naissance sonne comme un slogan : « Les Petits matins, une maison d’édition toute neuve, pour raconter l’époque ». Trois plumes ont rédigé le faire-part : Olivier Szulzynger, Dorine Bertrand et Marie-Édith Alouf. Le premier, l’initiateur, est scénariste pour la télévision. La deuxième collabore à une revue d’ethnologie, Terrain, et vient de faire ses preuves au Dilettante. La dernière est journaliste à l’hebdomadaire Politis où elle s’occupe de culture et de médias. Le trio s’est rencontré autour de Rue Saint Ambroise, une revue de littérature créée il y a cinq ans par Olivier Szulzynger, belle adresse à recommander aux amateurs de textes courts.
Douze livres donc au programme : Les Petits matins, en référence au documentaire de William Klein sur mai 68, « mais c’est aussi l’idée de l’aube, des promesses, de l’aventure qui commence… », ne manque pas d’ardeur. « On a bien conscience que la situation de l’édition est saturée actuellement, mais il existe encore des espaces à défricher », explique Marie-Édith Alouf, gérante minoritaire de cette aventure grandeur nature. Les fondateurs ont rassemblé un capital de 16 000 euros et déployé beaucoup d’énergies.
La jeune maison a fait paraître en mars ses deux premiers titres : un malicieux recueil de nouvelles, Douze histoires d’amour à faire soi-même, dans lesquelles Lola Gruber taille en charpie le bonheur à être deux ; et un essai, La Blessure, sur la vie de demandeurs d’asile en France. Le livre est le scénario écrit par Élisabeth Perceval pour le film de Nicolas Klotz qui sort en salles le 6 avril. On y lit des regards, on y recueille des paroles, celles de quelques-uns, Blandine, Moktar et les autres, déplacés, qui ont échoué là, humiliés.
Cette collection d’essais, intitulée « Bruits », est originale : soutenue par Arte, « grâce à Silvain Gire, responsable éditorial d’Arte radio.com », elle mêle écrit et son puisque le livre inclut un reportage sur CD audio. Dans la même veine, trois autres enquêtes sont prévues à l’automne : Je ne veux pas travailler ! (Alexandre Lévy), L’Usine à vingt ans (Naïri Nahapétian) et No sex last year (David Fontaine). Les Petits matins rêverait-il ainsi de grands soirs ? Sensible aux valeurs écologistes et altermondialistes, l’équipe n’entend pas inscrire son action dans une démarche politique : « Ça serait réducteur. Nous sommes ni La Découverte, ni les éditions Syllepse. Notre engagement se dégagera de lui-même, au fil des titres. Les Petits matins ne sera pas une caisse de résonance de la contestation. Ce dont on a envie, c’est explorer la société sans tomber dans les clichés, raconter comment la société se transforme, donner des outils pour comprendre et expliquer, dessiner des pistes d’avenir. »
« Soucieux d’inventer de nouvelles formes », Les Petits matins publiera donc des essais sur des thèmes contemporains et des fictions de jeunes...
Éditeur À l’aube d’une aventure
avril 2005 | Le Matricule des Anges n°62
| par
Philippe Savary
La fraîcheur ambiante n’effraie pas Les Petits matins. Ce nouvel éditeur, basé à Paris, mise sur la fiction, les essais et la poésie pour sonder notre monde contemporain.
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