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Courrier du lecteur Petit a

janvier 2005 | Le Matricule des Anges n°59 | par Xavier Person

Soustraction avec et sans fantôme. Visite avec ou sans château. Disparition d’une apparition. Comment lire le dernier livre de Yannick Liron ?.

L' Annonciation

Cher Yannick Liron,

Vous nous invitez dans L’annonciation à visiter quelque chose comme un château que nous ne sommes pas certains de très bien voir, vous nous proposez d’explorer un espace architectural qui, essentiellement mental, ne se laisse pas réduire à une représentation stable, vous ouvrez des perspectives dont les points de fuite, comme les points de la phrase, sont fuyants, vous vous posez dans ce livre, à votre manière, la question d’écrire une histoire de fantôme : permettez-moi de vous poser quelques questions, laissez-moi vous interroger sur ces disparitions dont vous savez si bien fabriquer la subtile mécanique. Vous posez à la fin de votre livre, en la travestissant, la question qui normalement introduit le visiteur au château : « Qui puis-je annoncer ? » Sur quoi ou sur qui porte cette impuissance implicite, sur l’hôte ou sur l’invité, sur la littérature ou sur le réel, sur le sujet ou sur l’objet ? Vous ouvrez votre livre sur une citation tronquée de Marcel Duchamp, celle par laquelle s’ouvrait votre précédent livre, Nous vous rappelons notre disparition (P.O.L, 2000), « a host + a guest = a ghost », l’addition devenue ici une soustraction : « a ghost a host = a guest ». Qu’entendez-vous par là ? J’enlève l’hôte au fantôme et cela donne l’invité ? Vous vous soustrayez au fantôme et cela me donne, moi, lecteur incertain ? L’auteur du livre disparaît, les phrases s’évanouissent en avançant, elles ne sont plus écrites par personne ? Le livre se construit dans sa déconstruction ? Le regardeur seul fait le tableau ? Les peintures au mur du château font tapisserie, nous dites-vous, introduisant dans le détail de ladite tapisserie des anomalies qui en désignent la fiction. Quelque chose cloche dans la représentation, dans la relation, vous introduisez dans la phrase ou dans le « récit » un dysfonctionnement : comment vous lire dès lors et ne pas glisser dans les trous du texte ?
Le bal au château renvoie à un passé révolu. La fête en apparence est finie. Les assiettes sont vides. La peinture renonce à l’illusion du réel. La littérature se demande ce qu’elle peut ? Le tableau annonce quoi ? La soustraction de l’objet est au cœur du livre, pages 42 et 43, rectangle blanc sur fond blanc, rectangle noir sur fond blanc, éblouissement, obscurcissement, on est dans le noir, « clic-clac de l’interrupteur, la manœuvre est réitérée, introduction à la révélation, démonstration et application, trois temps en deux pour une fois, ite missa est, ouste. » Disparition, selon vous, s’écrit avec un e muet. Mais annonciation, sur la couverture du livre, s’écrit avec un petit a, comme l’objet chez Lacan, lequel se révèle quand on l’identifie au rien, nous dit le psychanalyste : vous écrivez pour ne rien écrire, ne rien décrire que le rien en quoi consiste l’objet du livre, à savoir le château, considérant, comme vous le faites, que « l’absence de poignée indique une porte » ? Au début du livre, le verbe « foirer » est confondu avec « faire », dans l’expression « autant que foire se peut » : la faillite du verbe conduit-elle à sa liquidation ? Le dérapage du lapsus fait que « l’escalier mène directement aux descendances », dans « l’embarcadère », nous dit le texte, il y a « débarcadère » : qu’entendez-vous par là ? Les pelouses, chez vous, sont aux fines herbes, la commode est commode, les mots pris au pied de la lettre sont-ils les seuls vrais objets du château ? « Qu’est-ce qui a quatre murs le matin, deux à midi et trois le soir ? » Qu’est-ce qu’une énigme, demandez-vous. Que signifie ne pas voir ? Qu’est-ce qu’un livre qu’on lirait sans savoir le lire exactement ? Qu’est-ce que lire un décrochage ? Qu’est-ce suivre une fausse perspective ? Qu’est-ce déchiffrer une suite de lettres en guise de mots ? Que puis-je voir, dans tout ce jour entre les lettres d’un mot ? Et dans cette tâche noire au milieu ? Et cette fille, Marie, que vous citez ici ou là, qui est-ce ? Et Mademoiselle ? Le fantôme de l’histoire ? C’est quoi l’histoire ? Et la pelouse, vous allez finir par la tondre cette pelouse ? Et la question, c’est quoi la question ? Qu’est-ce que je lis ? Est-ce que je lis ce que je lis ? Que puis-je faire de ma lecture, qu’en puis-je écrire ? Je peux donner ma langue au chat ? C’est qui le chat ? C’est vous le chat, Yannick Liron ? Je peux l’annoncer ?

L’Annonciation de Yannick Liron, P.O.L, 95 pages, 17

* Vient de paraître également, du même auteur, La Remise, éditions Mix, 3 , composé des chutes de L’annonciation.

Petit a Par Xavier Person
Le Matricule des Anges n°59 , janvier 2005.
LMDA papier n°59
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LMDA PDF n°59
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