J’ai tué mes textes. Les ai étranglés de mes mains blanches privées du sang d’Espagne. Je suis de la lignée des Livides. De ceux à qui les plus lointains ancêtres de la plus lointaine Castille ont noué les veines, afin que leur corps ne prétende qu’aux épousailles des pierres./ Mon sort est de briser les pierres ; de goûter la science du soleil et que fonde mon sang glacé./ Dans l’eau, les yeux, les doigts, les seins des femmes sont violacés./ Oui, c’est ça… Saigne !" Pauline impose d’emblée une écriture où l’émotion s’allie à la destruction, en un rythme effréné où chaque image est menacée de sa propre disparition. C’est un paysage mouvant où toute pensée connaît son contraire, toute approche de la réalité une faille, une blessure. Premier texte publié (on signalera un autre dans La Polygraphe N°24/25/26), J’ai tué mes textes est remarquable de spontanéité et de violence. C’est une authentique et belle méditation qui sait dresser des figures et lieux légendaires pour mieux les abattre à coups d’une souffrance personnelle, mystérieuse. Inouïe.
J’ai tué mes textes
Pauline
Farrago/Léo Scheer
36 pages, 8 €
Domaine français J’ai tué mes textes
mars 2003 | Le Matricule des Anges n°43
| par
Maïa Bouteillet
Un livre
J’ai tué mes textes
Par
Maïa Bouteillet
Le Matricule des Anges n°43
, mars 2003.