Des Blancs, des Indiens, des métis, des hommes violents, des femmes paumées, des réserves indiennes et des politiciens : tout un monde qui s’agite pour réclamer justice. James Welch, l’auteur de L’Avocat indien, est né dans une réserve du Montana. Épris de la culture des siens, il revisite à sa façon les westerns d’antan.
Si l’époque et le décor ont changé, les personnages évoluent avec les mêmes comportements. Jack Harwood, un détenu d’une prison proche de la ville d’Helena, attend de comparaître pour obtenir une libération conditionnelle, après sept années d’enfermement. Il encaisse mal le refus de ses juges. Parmi eux, Sylvester Yellow Calf, un avocat indien de la tribu des Black Feet, une anomalie dans un État où ses compatriotes finissent plutôt au bas de l’échelle sociale. Jack, qui craint pour sa vie dans les couloirs du quartier de haute sécurité, décide de se venger et de faire chanter l’avocat pour obtenir sa relaxe. Il met sa femme dans le coup, ainsi que deux criminels pas très futés, depuis peu en liberté.
Difficile de trier les bons et les méchants dans cette histoire où le côté machine infernale s’efface devant une galerie de portraits qui fait réfléchir. Que des victimes ? Patti Ann, la femme d’Harwood « avait vu ce que la prison fait à un homme ; elle avait vu planer l’ombre de la résignation, et elle se demanda si elle serait de nouveau capable de regarder un jour son mari sans lire tout cela sur ses traits ». Yellow Calf, qui culpabilise de sa réussite : « Il y avait toujours quelqu’un pour m’ouvrir une nouvelle porte… puis la refermer au nez du peuple dont je suis issu ». Le thriller, au demeurant passionnant, reste un prétexte pour décrire, en évitant manichéisme et caricatures, les laissés-pour-compte de la société, quelle que soit leur origine. Du grand roman américain, dans la lignée des polars sociaux des années 60.
L’Avocat indien
James Welch
Traduit de l’américain
par Michel Lederer
10/18
318 pages, 45,60 FF (6,95 €)
Domaine étranger Scalpe toujours
septembre 2001 | Le Matricule des Anges n°36
| par
Franck Mannoni
Un livre
Scalpe toujours
Par
Franck Mannoni
Le Matricule des Anges n°36
, septembre 2001.