Le troisième roman de Iegor Gran repose sur une idée : qu’adviendrait-il si les femmes, d’un seul coup, disparaissaient de la planète ? Écrit sur le mode de la fantaisie sans imagination et de l’ironie sans drôlerie, le roman devrait provoquer la soudaine disparition de ses lecteurs avant son mitan. Que l’idée de départ ne génère aucune pensée est déjà un exploit. Pour Iegor Gran, la disparition des femmes poserait essentiellement le problème de la sexualité. Son monde a l’épaisseur du papier cigarette, ses personnages pas même l’étoffe de marionnettes. Au mieux note-t-on l’expression d’un ethnocentrisme qui d’un problème planétaire fait une histoire française (avec un inspecteur chargé d’enquêter sur la disparition de millions de femmes : aucun ridicule ne nous est épargné). Un des personnages du livre est un écrivain qui prétend avoir écrit le roman moderne du 3e millénaire. Son oeuvre ridicule est l’autoportrait de celle qu’on lit. Ou qu’on essaie de lire. Car si les femmes disparaissent dès le premier chapitre du livre, la littérature, ici, a disparu avant elles.
Spécimen mâle
Iegor Gran
P.O.L
341 pages, 130 FF (19,82 €)
Domaine français Spécimen mâle
septembre 2001 | Le Matricule des Anges n°36
| par
Thierry Guichard
Un livre
Spécimen mâle
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°36
, septembre 2001.